Le coût du non Maghreb : les conférences se suivent… et se ressemblent !

 
 

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d’aller plus loin dans l’analyse, essayons tout d’abord d’étudier
l’expression «le coût du non Maghreb» d’un point de vue sémantique. Par «non
Maghreb», on fait référence à l’absence d’intégration maghrébine. Or
généralement, et notamment dans la littérature économique, une inaction
injustifiée présente un manque à gagner et non pas un coût. Cela nous permet
de relever la force et l’intensité de cette expression. 

L’intégration maghrébine, ou plutôt son
absence, a ainsi fait l’objet, au cours de ces derniers mois, de plusieurs
conférences et colloques dans les pays de la région. On peut alors se poser
la question de savoir s’il y a eu enfin une prise de conscience collective à
ce sujet.  

L’autre remarque que l’on peut faire est que
ces conférences font toujours le même constat et ont souvent les mêmes
conclusions : face à une concurrence internationale dictée par la
mondialisation, l’intégration maghrébine est plus que jamais nécessaire. 

En premier lieu, nous pouvons évoquer les
‘’Journées de l’entreprise’’ organisées par l’IACE (Institut arabe des chefs
d’entreprise) à Sousse les 1er et 2 décembre 2006 et qui ont
traité de «L’entreprise maghrébine : concurrence et complémentarité». Ces
journées ont permis de dresser un état des lieux sur l’intégration
économique dans la région du Maghreb. Un chiffre cité au cours de ces
journées est particulièrement frappant : l’absence d’intégration économique
maghrébine coûte en moyenne 2 points de croissance en moins par an pour les
pays de la zone. Voilà un chiffre éloquent qui devrait faire réfléchir plus
d’un sur les opportunités gâchées par le passé.  

Le Maghreb est par ailleurs la région qui
commerce le moins à l’intérieur de ses frontières dans le monde. En effet,
les échanges intra-maghrébins ne représentent que 3% du total des échanges
extérieurs de ces pays. 

Ensuite, une conférence sur les réformes du
secteur financier et l’intégration financière au Maghreb s’est tenue les 20
et 21 décembre 2006 à Rabat. Au cours de cette conférence, M. Rodrigo de
Rato, Directeur Général du FMI, a indiqué que l’intégration des pays du
Maghreb est un processus complexe et difficile. Cependant, ce constat plutôt
amer ne doit pas nous décourager et nous empêcher d’œuvrer dans le sens de
l’intégration. En effet, cette intégration permettrait de créer un marché de
plus de 80 millions de consommateurs. Le Directeur Général du FMI a, par
ailleurs, reconnu certaines avancées dans ce sens, en particulier concernant
les réformes économiques mises en œuvre dans les cinq pays de la zone. Ceci
étant, les pays du Maghreb doivent renforcer leur coopération régionale afin
d’atteindre des taux de croissance importants et stables. 

Plus récemment, la Fondation Temimi pour la
Recherche Scientifique et l’Information, en partenariat avec la Fondation
Konrad Adenauer, a organisé les 11, 12 et 13 janvier 2006 à Tunis un forum
portant sur le thème : «Le coût du non Maghreb». Ce forum s’est notamment
penché sur les dimensions humaine, sociétale et scientifique de
l’intégration maghrébine, sans pour autant négliger le volet économique. Les
participants ont ainsi pu exprimer leur souhait d’établir, pour la prochaine
étape de la construction maghrébine, une nouvelle architecture et une
nouvelle conception qui se détachent clairement des anciennes méthodes, et
ce dans le but de mieux faire face aux changements géopolitiques,
économiques et scientifiques dans le monde. Dans ce contexte, et plus
particulièrement en ce qui concerne le domaine scientifique, les
participants recommandent la création d’un programme Ibn Khaldoun comparable
au programme ERASMUS en Europe ainsi que la création d’une académie
maghrébine. 

La nécessité de l’intégration maghrébine n’est
donc plus à démontrer. Mais au-delà des discours de façade soigneusement
préparés, cela doit être suivi de faits. Des événements récents tels que le
rachat de la Banque du Sud par Attijari Bank ou encore la création de la
compagnie aérienne tuniso-mauritanienne, Mauritania Airways, pourraient
laisser penser que nous sommes sur la bonne voie.

 Mais ceci doit s’inscrire dans une vraie
dynamique d’intégration. Cela nous permettrait d’éviter des réunions
répétitives qui ne feront que nourrir le malaise et relater l’échec.