La crise du disque s’aggrave : le marché français chute de 10,7%

 
 
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[22/01/2007 18:51:39] CANNES (AFP) Alors que les producteurs avaient cru à une quasi-stabilisation en 2005, la crise du disque a pris une nouvelle ampleur en 2006 avec une chute du marché français de 10,7% en valeur, selon les chiffres dévoilés par le Syndicat national de l’édition phonographique (Snep), lundi au Midem à Cannes.

Au total depuis 2002, le marché a perdu 34% de sa valeur, soit 440 millions d’euros.

En 2005, le marché de gros des ventes physiques (CD, DVD, etc.) n’avait baissé “que” de 3%, baisse quasiment compensée par le numérique (internet et téléphonie mobile).

Mais les résultats de 2006 ont très désagréablement surpris la filière. Les ventes physiques (gros hors taxe, livraisons des maisons de disques aux magasins) ont perdu 12,4%, pour représenter 819,2 millions d’euros (-116 M euros de chiffres d’affaires).

Le marché numérique est en hausse de 42% et se monte à 43,5 M euros (+13 M de chiffre d’affaires). La téléphonie en représente la plus grosse part (61%, 39% pour internet).

Mais le numérique est loin de compenser la crise des ventes physiques. Au total, le marché de gros a donc chuté de 103,2 M euros (-10,7%) pour représenter 862,7 M euros.

En 2006, les ventes physiques ont baissé de 24% pour les singles, 31% pour les vidéos musicales et 8,6% pour les albums.

Cette chute se ressent du point de vue social: selon le Snep, qui regroupe les plus gros producteurs, les effectifs des maisons de disques ont baissé de 30% depuis 2002, passant de 3.300 à 2.000 personnes. Les producteurs estiment que la filière musicale a perdu 30.000 emplois en quatre ans (de 100.000 à 70.000).

Dans ce marasme, la production francophone a mieux résisté que la production internationale. Entre 2002 et 2006, sa part est passée de 62 à 67% dans les ventes de disques de variété et de 17 à 33% dans les ventes d’albums en général.

L’an passé, c’est le répertoire classique qui s’est le mieux porté: ses ventes ont augmenté de 13,3% alors que le répertoire francophone et le répertoire international ont chuté de 12 et 18%.

Mais les résultats du classique ont été gonflés par le succès des coffrets Mozart et Bach commercialisés à prix réduits par le distributeur Abeille Musique.

Comme c’est le cas depuis qu’elle a commencé, les producteurs imputent cette crise à “la concurrence déloyale des échanges illégaux de titres en P2P”. Le Snep a souligné que “seulement 5% de la consommation de musique en ligne sont acquis légalement”.

Les producteurs veulent cependant voir quelques signes encourageants. D’abord, le développement du téléchargement légal, même si la France est en retard par rapport à d’autres marchés.

Ensuite, la multiplication par quatre des revenus de la téléphonie mobile en 2 ans (6,6 M euros en 2004, 26,4 en 2006).

Enfin, le dynamisme de la production francophone: les dix meilleures ventes d’albums de l’année 2006 sont francophones, un classement dominé par la rappeuse Diam’s.

Les producteurs ont établi des priorités pour tenter de redresser la barre en 2007. Parmi les plus spectaculaires, ils veulent que les quotas de musique francophone à la radio soient augmentés de 40 à 60% et réclament un moratoire sur l’application de la TVA à 19,6% sur la musique numérique.

De son côté, le syndicat des producteurs indépendants, l’UPFI, a estimé à “100 millions d’euros annuels le besoin de financement de la production de musique française” et a interpellé les candidats à l’élection présidentielle pour connaître leurs réponses à la crise.

 22/01/2007 18:51:39 – © 2007 AFP