[22/01/2007 22:25:49] NEW YORK (AFP) Menacé par l’arrivée des médicaments génériques, le groupe américain Pfizer, leader mondial de la pharmacie, va réduire drastiquement ses effectifs, ses usines et ses centres de recherche: 10.000 emplois vont disparaître, dont 20% de ses forces de vente en Europe. Pfizer a annoncé que, d’ici 2008, il supprimerait 10.000 emplois dans le monde, soit 10% des effectifs totaux. Le groupe, qui avait déjà engagé un plan d’économie il y a deux ans et décidé en novembre de baisser de 20% ses effectifs commerciaux américains, continuera à fermer ses usines, dont le nombre va tomber à 48 en 2008 contre 93 en 2003. Ces mesures sont au coeur d’un vaste plan de restructuration visant à réduire de 1,5 à 2 milliards par an ses coûts de fonctionnement, pour faire face à la concurrence des génériques, que les organismes de sécurité sociale veulent développer pour alléger leurs remboursements. Pfizer va prochainement fermer deux sites américains supplémentaires, vendre un site allemand situé à Feucht, et fermer trois sites de recherche aux Etats-Unis ainsi qu’un site à Nagoya, au Japon, et un autre à Amboise, en France. Pour devenir “plus petit et plus adaptable”, il va découper ses opérations pharmaceutiques américaines en quatre unités, en “supprimant au moins trois des quatre niveaux hiérarchiques” dans la recherche et la fabrication. Ces décisions radicales, annoncées par le nouveau PDG Jeffrey Kindler, qui a pris les commandes en 2006, répondent à un “environnement opérationnel difficile”: à mesure que les brevets de Pfizer tomberont, les génériques compromettront d’ici 2012 près de 40% de son chiffre d’affaires actuel, selon les analystes. “Pfizer se précipite follement pour réduire ses coûts avant de perdre davantage de chiffre d’affaires à cause de l’expiration de ses brevets”, a commenté Kimberly DuBord de Briefing.com Le groupe est déjà menacé sur certains de ses plus importants médicaments, avant l’épreuve majeure que constituera en 2010 l’expiration du brevet sur son médicament-phare, le Lipitor. Il a ainsi perdu l’an dernier aux Etats-Unis l’exclusivité sur son antibiotique Zithromax et l’anti-dépresseur Zoloft. “La perte d’exclusivité continue à peser sur la croissance de nos ventes”, a reconnu M. Kindler, qui a cependant promis de parvenir d’ici 2011 à un rythme de 4 lancements de nouveaux produits par an. Pfizer a aussi connu en décembre un coup du sort inattendu: il a dû abandonner les recherches presque achevées sur le Torcetrapib, qui devait remplacer le Lipitor comme son produit phare, après la découverte de risques de surmortalité associés à la prise de cet anticholestérol. Pfizer sera confronté prochainement aux génériques pour le Norvasc, qui réduit la pression sanguine ainsi que pour son anti-allergène Zyrtec. Les résultats de Pfizer, publiés lundi, illustrent ses difficultés: il a doublé son bénéfice annuel, mais grâce à la vente d’une division grand public à son concurrent Johnson and Johnson. Hormis les éléments exceptionnels, son bénéfice a baissé de 15% pour un chiffre d’affaires presque stagnant. Il attend pour 2007 et 2008 un chiffre d’affaires plat. Pfizer a de nouveaux médicaments dans les tuyaux — il a déposé des demandes d’autorisation pour le Lyrica et le Maraviroc, quatre autres sont dans la phase 3 de leur développement — mais aucun ne convainc vraiment les analystes. Tous les géant pharmaceutiques bataillent contre la montée des génériques, comme en témoigne lundi l’ouverture du procès mené par Bristol-Myers Squibb et Sanofi-Aventis contre le canadien Apotex, fabricant d’un générique de l’anticoagulant Plavix, leur médicament vedette. |
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