[23/01/2007 14:10:54] PARIS (AFP) Les Français ont continué à consommer avec entrain en 2006, profitant d’un pouvoir d’achat dopé par la faiblesse de l’inflation, ce qui devrait permettre à la France d’afficher une croissance du PIB d’environ 2,0% sur l’ensemble de l’année. Dernière “bonne nouvelle” sur ce front, la consommation des ménages en produits manufacturés — qui représente environ un quart du total des dépenses mais constitue un bon indicateur de tendance — a grimpé de 1,3% en décembre, soit une progression de 6,8% par rapport à décembre 2005. Un chiffre “excellent”, qui porte à 4,3% la hausse de la consommation en manufacturés sur l’ensemble de l’année, selon une estimation de l’économiste d’Exane, Emmanuel Ferry, soit la meilleure performance depuis 2000. A l’Insee, Eric Dubois, chef du département conjoncture, souligne que cet indicateur, traditionnellement volatil, a fait montre d’une “grande régularité” sur l’ensemble de l’année, avec une hausse de 1,2% au premier trimestre, puis de 1,4%, 1,2% et 1,1% les trois trimestres suivants. Ce qui tranche avec les évolutions erratiques notamment de la production industrielle. De quoi se montrer confiant pour l’évolution de la consommation dans son ensemble. Selon la dernière prévision de l’Insee, celle-ci devrait avoir progressé de 2,8% en 2006, après 2,2% l’année précédente. Comment expliquer ce boom ? Par la progression du pouvoir d’achat, répondent en coeur les économistes. Car si les Français ont souvent le sentiment que les prix augmentent, sur le papier l’inflation est restée en moyenne très sage l’an dernier, un recul amplifié par la décrue des cours du pétrole. Le pouvoir d’achat s’en est trouvé requinqué, avec une progression attendue de 2,4% en 2006 (prévision Insee) contre un maigre 1,3% en 2005. Les ménages en ont profité pour se ruer vers les magasins, avec une prédilection très nette pour les biens d’équipements (dépenses en hausse de plus de 20% en décembre sur un an), qui ont profité de la bonne tenue de l’immobilier. Téléviseurs à écrans plat, lecteurs de DVD mais aussi GPS, se sont ainsi arrachés en 2006, note Eric Dubois, pour qui “le phénomène majeur, c’est bien l’électronique”. Mathieu Kaiser, économiste chez BNP Paribas, souligne aussi “l’explosion des ventes en ligne” (+40% par rapport à 2005). L’automobile, en revanche, a fait pâle figure, avec une quasi-stagnation des ventes, malgré un rebond en décembre. Au final, “les consommateurs auront été les grands sauveurs de la croissance française” en 2006, résume Alexander Law du cabinet Xerfi. Pour le quatrième trimestre, l’Insee table sur une hausse du PIB sans doute inférieure à sa prévision initiale de 0,9% mais pas très éloignée de ce chiffre. Ce qui devrait permettre à la croissance d’atteindre 2,0% sur l’année. Mais le fait que la consommation soit devenue le principal moteur de cette croissance a ses limites, souligne Mathilde Lemoine, de HSBC. D’abord parce que la croissance serait supérieure “si les deux autres moteurs que sont l’investissement et les exportations fonctionnaient à plein régime” et ensuite “parce qu’une part de cette consommation se reporte sur les biens importés”, ce qui ne permet pas d’améliorer durablement l’emploi et le pouvoir d’achat, explique-t-elle. L’appétit de consommation des Français pourrait d’ailleurs se tasser dans les prochains mois, selon les économistes qui rappellent le traditionnel “attentisme” des ménages à l’approche des échéances électorales. |
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