Déficit public : Paris, Berlin et Rome peuvent faire plus d’efforts, estime l’UE

 
 
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Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia, à Bruxelles le 23 janvier 2007 (Photo : Gérard Cerles)

[23/01/2007 15:08:35] BRUXELLES (AFP) Les élèves français, allemand et italien ont progressé mais doivent encore faire des efforts pour réduire leurs déficits et leurs dettes publics, a jugé mardi le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia, usant d’une métaphore scolaire.

Comme chaque année, la Commission rendait son évaluation des programmes économiques à moyen terme présentés par ces pays (parmi les 27 Etats membres de l’UE qui sont évalués), programmes qui visent à respecter la discipline budgétaire prévue par le pacte de stabilité et de croissance européen.

Le commissaire Almunia s’est dit plus satisfait “cette année que les précédentes”, grâce aux “efforts réels et cohérents” entrepris par les gouvernements et aussi parce que “leurs programmes se basent sur des prévisions économiques plus réalistes qu’auparavant et correspondant à celles de la Commission”.

M. Almunia a salué la bonne nouvelle de la fin des déficits publics excessifs des trois principales économies de la zone euro, qui faisaient singulièrement désordre. C’est chose faite pour la France et l’Allemagne, et sans doute pour l’Italie d’ici fin 2007.

Le Pacte prévoit que le déficit public ne dépasse pas 3% du PIB. Après plusieurs années de dépassement, la France est revenue à 2,9% en 2005, puis 2,7% en 2006 et prévoit 2,5% cette année.

La procédure en déficit excessif lancée par Bruxelles à son encontre “sera abrogée par le conseil des ministres des Finances européens le 30 janvier”, a rappelé M. Almunia.

“La France a été un mauvais élève dans le passé, mais a appris la leçon”, a-t-il commenté, relevant aussi que Paris a commencé à diminuer sa dette publique.

La procédure contre l’Allemagne, qui a corrigé son déficit à partir de 2006 –revenant à 2,1% l’an dernier, après 3,2% en 2005, et avec 1,5% prévu pour 2007– devrait être également abrogée en mai prochain.

Et celle contre l’Italie pourrait être levée “en mai 2008” si la correction du déficit excessif prévue en 2007 (à 2,8% contre 5,7% en 2006) est bien réalisée et cela “de manière durable”, a précisé M. Almunia.

Mais en maître sévère, Joaquin Almunia a averti: “Des risques persistent, il il faut donc accroître les efforts”.

Dans leur rapport, les économistes de la Commission estiment en effet que les finances publiques de la France, de l’Allemagne et de l’Italie présentent un “risque moyen” sur le long terme.

Berlin, Paris et Rome sont donc priés de profiter de l’actuelle reprise économique pour accélérer la baisse des déficits et ramener leurs dettes publiques sous le maximum autorisé de 60% du PIB, limite largement dépassée.

“Les progrès enregistrés en 2006 sont surtout dus à l’amélioration de la conjoncture économique mais les efforts structurels de ces pays restent insuffisants et on est inquiet à l’horizon 2010 si la conjoncture se retourne”, note un expert communautaire, sous couvert d’anonymat.

Après les compliments, le commissaire Almunia a donc distribué les mauvais points. Il a tancé Berlin, relevant qu’aucun ajustement structurel n’était prévu en 2008, alors que le Pacte recommande un effort annuel de 0,5 point de PIB en période de vaches grasses.

La dette publique allemande, qui a atteint fin 2006 67,9% du PIB, “risque de ne pas diminuer suffisamment”, avertit la Commission. Berlin prévoit en effet une lente diminution jusqu’à 64,5% du PIB en 2010.

Paris doit faire davantage d’efforts en 2007, où l’effort d’ajustement prévu n’est que de 0,3 point de PIB. La Commission appelle aussi à surveiller de près les dépenses de l’Etat et des collectivités locales, un avertissement en prévision des élections, qui pourraient entraîner des surenchères budgétaires.

Enfin pour l’Italie, Bruxelles appelle à la vigilance sur “le respect et la pleine application des mesures budgétaires décidées pour 2007”. La Commission s’inquiète aussi “du manque de détails sur la stratégie” d’ajustement à moyen-terme fournie par le gouvernement italien, ce qui “représente un risque”.

 23/01/2007 15:08:35 – © 2007 AFP