[24/01/2007 16:53:50] OUAGADOUGOU (AFP) La filière coton au Burkina Faso, premier producteur africain, est au bord de l’asphyxie en raison de la chute des prix mondiaux et désormais les sociétés cotonnières nationales ne peuvent même plus payer les producteurs de ce pays pauvre d’Afrique de l’ouest. “Les sociétés de coton sont insolvables, aucune n’a encore versé le moindre centime aux paysans qui leur ont vendu toute leur production de la campagne” de 2006, a déclaré mercredi à l’AFP François Traoré, président des producteurs de coton du Burkina. “Cette situation est une première au Burkina Faso et ses conséquences sont fâcheuses pour les producteurs”, selon M. Traoré. Il redoute “que la persistance de la crise désagrège complètement le tissu économique et accentue la pauvreté dans les campagnes”. Le coton fait vivre plus de 2 millions de personnes et procure 60% des recettes publiques de ce pays enclavé de 13 millions d’habitants. Selon M. Traoré, les trois sociétés cotonnières burkinabées, dont la Société des fibres textiles (Sofitex, la plus importante) sont redevables de quelque 130 milliards FCFA (200 millions d’euros) aux producteurs burkinabés, correspondant au prix de vente de la totalité de leur production de coton graine de la campagne écoulée. Les paysans burkinabés ont vendu aux trois sociétés environ 700.000 tonnes de coton graine, à un prix de 165 FCFA (0,25 euro) le kilogramme, a-t-il précisé. La semaine passée, le conseil des ministres burkinabé a déploré “la forte dégradation” des finances des sociétés cotonnière locales, “au point que leurs fonds propres ont été entamés”. Les trois sociétés sont des unités de transformation et de commercialisation de fibres de coton qu’elles achètent aux paysans. En 2005, elles ont subi des pertes de près 40 milliards de FCFA (environ 61 millions d’euros), en raison des subventions que les Etats riches accordent à leurs producteurs et qui font chuter les cours du coton, selon les autorités burkinabées. “Le coton burkinabé est très compétitif, mais les pays riches dopent leur production à coût de subventions en faussant l’équité du commerce mondial”, a déploré Sériba Ouattara, un responsable du ministère du Commerce. “Conséquence, le Burkina vend son coton en dessous de ses coûts de production”, a-t-il poursuivi. Pour espérer rendre sa filière coton plus compétitive, le Burkina doit produire dès cette année du coton transgénique, dont les essais lancés en 2003 se sont révélés “concluants”. D’autre part, la Sofitex a décidé d’une augmentation de capital pour éviter la faillite. Le capital de l’entreprise passera de 4,4 milliards de FCFA (6,7 millions d’euros) à 38,8 milliards de FCFA (58 millions d’euros), notamment grâce au soutien de l’Etat burkinabè, principal actionnaire de la Sofitex. Les cours du coton sont passés de 210 FCFA (0,32 euros) le kilo en 2003, à 165 FCFA (0,25 euros) en 2006. Les sociétés cotonnières estiment que le prix va descendre à 150 FCFA (0,23 euros) en 2007. |
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