[24/01/2007 19:32:43] PARIS (AFP) Blogs, agressions filmées, jeux dangereux: l’image est devenue un vecteur essentiel de la violence chez les adolescents, pour qui elle représente souvent l’un des seuls moyens de s’affirmer, selon des spécialistes réunis mercredi lors d’un colloque sur le sujet à Paris. “L’identité numérique est devenue aussi importante que l’identité physique chez les adolescents”, souligne Pierre Bellanger, président fondateur de Skyrock et de Skyblog. Skyblog est la première plate-forme de blogs en Europe avec 15 à 20.000 nouveaux blogs de jeunes créés chaque jour et “un million de textes écris quotidiennement par les adolescents”, selon M. Bellanger. Le directeur de cette radio à succès pour les jeunes s’exprimait à l’occasion d’un séminaire sur “les nouvelles formes de violences” organisé par la Région Ile-de-France et l’Ecole des parents et réunissant de nombreux experts. Ces blogs sont devenus le reflet des angoisses des ados et une nouvelle identité, celle de l’image. “Toutes sortes de violences sont exprimées sur ces blogs, mais nous faisons de la modération et de la prévention”, explique Pierre Bellanger, qui a créé sur son site 117 mots clés à partir desquels les modérateurs sont alertés. Sur cette plate-forme, 300 alertes sont recensées chaque jour et toutes les photographies sont visionnées pour éliminer la pornographie. Skyblog a aussi pris contact avec la brigade des mineurs pour “expliquer son activité et créer des échanges”, et avec une association de prévention autorisée à prendre contact avec un jeune bloggeur dès qu’il tient des propos alarmants (suicide par exemple). Ces blogs intéressent aussi de plus en plus les psychiatres et les spécialistes en sciences de l’Education, qui les utilisent comme de nouveaux moyens thérapeutiques. “Les blogs sont un outil de créativité impressionnant. Notre société est de plus en plus de l’ordre du visible et le blog est une forme d’exhibitionnisme”, analyse Michael Stora, psychologue et psychanalyste dans un centre médico-psychologique à Pantin (Seine-Saint-Denis) et créateur d’un “atelier blog” à la maison des adolescents à l’hôpital Avicenne à Bobigny. Il n’est pas rare d’entendre désormais des parents affolés appeler des structures d’aides comme la ligne “Jeunes violences écoute”, comme cette mère éplorée parce qu’elle a découvert que sa fille faisait l’objet d’insultes et que sa photo était sur le blog d’une autre élève. “L’adolescent a besoin d’exercer la violence par l’image, auparavant on caricaturait l’image du prof sur le tableau”, ajoute Michael Stora. Il n’empêche, les nouvelles technologies “changent notre rapport à la violence dans l’éducation (comme le +happy slapping ou tabassage filmé par téléphone portable) et jouent un rôle très important dans la diffusion de la violence et la banalisation d’un acte cruel”, souligne Yves Montoya, sociologue à Bordeaux II et membre de l’observatoire international de la violence scolaire. Le 22 septembre, la direction générale de l’enseignement scolaire a écrit une lettre à tous les inspecteurs d’académie faisant état de “l’augmentation de certaines pratiques par les adolescents dont divers jeux dangereux (“jeu du foulard, jeu de la tomate, jeu de la grenouille”) et le “happy slapping”. Un groupe de travail réunissant des spécialistes a été constitué” pour “étudier ces phénomènes. |
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