[25/01/2007 22:15:30] MUNICH (AFP) Les actionnaires de Siemens ont demandé des comptes à la direction jeudi alors que le groupe, figure de proue de l’industrie allemande, traverse la plus grave crise de ses 160 ans d’histoire après une série de scandales. A Francfort, la Bourse a applaudi les résultats trimestriels jugés excellents par les analystes, un projet pour mettre en Bourse la filiale d’équipements automobiles VDO et une nouvelle acquisition aux Etats-Unis. L’action, au plus haut depuis juin 2001, a clôturé en hausse de 5,95%. A Munich, les quelque 13.000 actionnaires présents à l’assemblée générale ont été un peu plus durs à convaincre. 29% n’ont pas accordé leur confiance au patron Klaus Kleinfeld. Son prédécesseur Heinrich von Pierer, aujourd’hui à la tête du conseil de surveillance, a obtenu le plus mauvais score avec 34% de votes négatifs, un camouflet comparé aux votes à 98%-99% de l’an dernier. “N’attendez pas de vote de confiance” après “le théâtre des quatre derniers mois”, avait averti plus tôt dans la journée Hans-Martin Buhlmann, représentant de l’association d’investisseurs institutionnels VIP. “Siemens a besoin d’un nouveau départ, d’une nouvelle crédibilité, et ce n’est pas possible sans des changements de personnes”, avait estimé de son côté le représentant de l’association de petits actionnaires SDK. L’amende record infligée mercredi par la Commission européenne pour une entente illégale sur les prix d’appareils électriques n’est que le dernier déboire du groupe. Les soucis ont commencé fin septembre avec la faillite de l’ancienne filiale de téléphones portables, un an tout juste après que Siemens s’en soit débarrassé et alors qu’était dévoilée une hausse des salaires de la direction. Klaus Kleinfeld s’est excusé auprès des 3.000 salariés qui ont perdu leur emploi. “Siemens a fait ce qu’on devait attendre d’un propriétaire”, a toutefois jugé Heinrich von Pierer. Le vrai coup dur, c’est une affaire de corruption révélée mi-novembre. Des enquêtes sont en cours en Allemagne, en Italie, au Lichtenstein et en Suisse. Siemens a reconnu 420 millions d’euros de versements douteux. Deux anciens membres du directoire central figurent parmi les suspects. Heinrich von Pierer, à l’époque patron du groupe, s’est dit fortement touché par l’insuccès de ses efforts pour lutter contre la corruption. “Les affaires pas propres n’ont pas de place dans notre entreprise”, a assuré M. Kleinfeld. Le vote a surtout une portée symbolique, révélatrice des atteintes à l’image du groupe. Celle-ci n’a jamais été aussi mauvaise et “l’enfant prodige Siemens a perdu son lustre”, selon une étude publiée cette semaine par l’université de Hohenheim. Klaus Kleinfeld, salué à son arrivée il y a deux ans comme un “garçon miraculeux”, est aujourd’hui presque aussi impopulaire en Allemagne que Josef Ackermann, le patron très décrié de la Deutsche Bank. Quant à Heinrich von Pierer, jadis qualifié de patron le plus influent d’Allemagne, des actionnaires réclament son départ en arguant d’un conflit d’intérêt. Il se contente pour l’instant de ne plus participer aux réunions de la commission qui contrôle l’application des règles de bonne conduite dans l’entreprise. |
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