Pour le Japon, la Chine rivale reste le premier partenaire commercial

 
 
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Le président chinois Hu Jintao (d) et le Premier ministre japonais Shinzo Abe, le 18 novembre 2006 à Hanoi (Photo : Itsuo Inouye)

[25/01/2007 12:14:04] TOKYO (AFP) La Chine est restée en 2006 pour la troisième année consécutive le premier partenaire commercial du Japon, devant les Etats-Unis, en dépit des tensions diplomatiques qui ont perduré durant la majeure partie de l’année entre les deux géants de l’Extrême-Orient.

Selon des statistiques officielles japonaises publiées jeudi, les échanges totaux entre les deux pays (exportations plus importations) ont atteint en 2006 28.985 milliards de yens (187 milliards d’euros), soit 16% de plus qu’en 2005.

Dans le même temps, les échanges avec les Etats-Unis ont atteint seulement 24.846 milliards de yens (160 milliards d’euros), en hausse de 13%.

Les relations commerciales avec la Chine restent toutefois déficitaires pour le Japon, alors que celles avec les Etats-Unis sont largement excédentaires.

Le Japon exporte surtout vers la Chine de l’acier, des produits chimiques, des semiconducteurs et des appareils électroniques. Il importe des vêtements et accessoires, des produits alimentaires et des ordinateurs.

Les relations économiques sino-japonaises connaissent un essor considérable depuis plusieurs années: non seulement les échanges commerciaux sont en constante expansion, mais les investissements directs japonais en Chine ont atteint en 2005 le montant record de 6,5 milliards de dollars.

Les économistes estiment que c’est le prodigieux boom économique chinois de ces dernières années qui a sauvé le Japon de la crise dans laquelle il était englué dans les années 1990, l’industrie nippone ayant bénécifié à fond de la voracité chinoise en acier, biens d’équipement et produits de consommation.

Les industriels japonais ont également délocalisé vers la Chine une grande partie de leurs activités à faible valeur ajoutée, devenues non rentables au Japon, ce qui leur a permis d’améliorer leurs performances financières.

La lune de miel économique entre le Japon et la Chine a pu se poursuivre malgré une grave crise diplomatique qui se nourrit d’ambitions géopolitiques rivales et de querelles historiques régulièrement ravivées.

A la satisfaction générale, un dégel politique a été amorcé dès l’arrivée au pouvoir au Japon, fin septembre, du nouveau Premier ministre Shinzo Abe, qui s’est rendu à Pékin à l’automne pour son premier déplacement officiel à l’étranger.

Cette embellie est vivement souhaitée par le patronat nippon, d’autant plus que des échanges économiques soutenus avec la Chine sont essentiels pour éviter au Japon de trop dépendre du marché américain.

Ainsi, Richard Jerram, économiste chez Macquarie Securites, souligne que le commerce extérieur nippon s’est profondément diversifié depuis le début de la décennie: les exportations vers les Etats-Unis, qui représentaient près du tiers du total en 2000, ne comptent plus que pour moins du quart en 2006. La part de la Chine est dans le même temps pasée de 12% à 20%.

“Ces gigantesques mutations des flux commerciaux expliquent, au moins partiellement, pourquoi les exportations japonaises n’ont pas trop ralenti malgré l’affaiblissement de l’économie américaine”, explique M. Jerram.

En 2006, l’excédent commercial du Japon a reculé de 7% par rapport à l’année précédente à 8.094,8 milliards de yens (51,2 milliards d’euros), en raison de la flambée des prix du pétrole et des autres matières premières.

L’excédent nippon, longtemps le plus élevé du monde, a été dépassé pour la deuxième année d’affilée par celui de la Chine (177,47 milliards d’euros).

“La Chine est en train de prendre la place du Japon en tant que premier exportateur mondial de produits manufacturés, notamment vers les Etats-Unis”, commente Junichi Makino, économiste à l’Institut de recherche Daiwa.

 25/01/2007 12:14:04 – © 2007 AFP