Poutine quitte l’Inde en grande pompe mais sans contrats d’envergure

 
 
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Le président russe Vladimir Poutine (G) et son homologue indien Abdul Kalam à New Delhi, le 26 janvier 2007 (Photo : Alexander Nemenov)

[26/01/2007 14:31:34] NEW DELHI (AFP) Le président russe Vladimir Poutine a bouclé vendredi son voyage de deux jours en Inde, une visite en grande pompe mais sans contrats d’envergure entre les deux anciens alliés de la Guerre froide qui ont promis de doper leurs échanges commerciaux.

Pour finir en beauté à New Delhi, M. Poutine était l’invité d’honneur d’un grand défilé militaire, une illustration des relations indo-russes toujours étroites, même si l’Inde se rapproche des Etats-Unis.

Aux côtés du Premier ministre Manmohan Singh et du président Abdul Kalam, ils ont pu observer, le long d’une majestueuse avenue de la capitale, le faste militaire, les innovations technologiques et la diversité culturelle de la quatrième armée du monde.

L’Inde commémorait la proclamation de la République, le 26 janvier 1950. New Delhi était bouclée par 15.000 forces de l’ordre par crainte d’attentats.

Soixante-dix pour cent de l’armement présenté à M. Poutine était russe, mais des retards de livraisons de chars et des différends commerciaux poussent maintenant New Delhi à se fournir auprès de la France, d’Israël ou des Etats-Unis.

Les dépenses militaires du pays s’élèveront à 10 milliards de dollars entre 2007 et 2012.

Et M. Poutine espérait rafler des contrats.

Les deux Etats sont juste convenus de produire des moteurs pour le chasseur russe MiG-29 et ont prévu de construire des avions de transport militaire.

Le nucléaire civil a dominé les entretiens.

La Russie a promis de fournir quatre réacteurs supplémentaires dans la centrale de Kudankulam (Tamil Nadu, Sud), qui en compte déjà deux russes.

Moscou aidera aussi à bâtir des “installations nucléaires, sur des programmes russes, pour de nouveaux sites en Inde”.

Le géant asiatique, à la croissance effrénée et dont les besoins énergétiques doivent doubler d’ici à 2015, a salué le soutien russe à “l’expansion de notre secteur nucléaire”, selon M. Singh.

Il a vu en M. Poutine un “ami spécial de l’Inde”, espérant “un partenariat à long terme” dans cette énergie nucléaire “vitale”.

Ces projets découlent du récent accord sur le nucléaire civil entre les Etats-Unis et l’Inde, qui a mis fin à l’isolement de New Delhi après ses essais atomiques de 1974 et 1998. En échange de combustible, l’Inde a accepté de placer ses réacteurs sous contrôle international.

Washington et New Delhi doivent négocier les modalités techniques de l’accord. Le groupe international des fournisseurs de combustible nucléaire (NSG) devra aussi donner son feu vert.

Déjà, l’américain Westinghouse ou le français Areva sont sur les rangs pour vendre à l’Inde des réacteurs.

Dans le pétrole, l’indien ONGC et le russe Rosneft ont dit caresser des projets d’exploration et de raffinage en Inde et en Russie.

L’Inde importe 70% de ses besoins en brut.

“Il y a clairement une compatibilité entre les exigences de l’Inde et les ressources de la Russie”, s’est félicité M. Singh.

Mais au-delà de l’apparat et des promesses, les deux puissances ont reconnu que leurs “relations économiques” n’étaient pas à la hauteur de leur “partenariat stratégique”.

M. Poutine a promis de tripler le commerce bilatéral à “dix milliards de dollars d’ici à 2010”, un objectif déjà fixé en 2004.

“Les trois milliards de dollars (d’échanges en 2006), c’est minuscule pour deux pays aux liens politiques si forts”, a déploré un responsable indien.

Moscou n’est plus “l’allié le plus sûr de New Delhi dans les temps difficiles” comme sous la Guerre froide, a constaté un diplomate.

 26/01/2007 14:31:34 – © 2007 AFP