La STEG tend une perche aux SSII

 
 

eco261206.jpgEngagée depuis trois
ans dans la modernisation de son système d’information, la STEG n’est pas très
satisfaite de sa collaboration avec les SSII tunisiennes qu’elle a choisies
d’associer à ce vaste chantier auquel elle a alloué un budget de 25 millions
de dinars. Aussi, a-t-elle organisé une journée d’études afin d’analyser
avec les représentants du secteur des TIC les faiblesses du partenariat «STEG/SSII»
et y remédier. 

Est-ce une réunion de la dernière chance ? M. Othmen Ben Arfa, président-directeur général de la Société tunisienne d’électricité et du Gaz (STEG),
ne l’a pas dit explicitement, mais n’a pas caché -lors d’une journée
d’études organisé mercredi 24 janvier 2007, consacrée au partenariat STEG/SSII
portant sur le développement du nouveau système d’information de cette
entreprise publique- sa déception à l’égard des sociétés de services et
d’ingénierie informatiques tunisiennes qu’elle a cherché à impliquer dans le
chantier de l’élaboration de la mise en place du nouveau système
d’information de l’entreprise qu’il dirige.  

Arrivé à la conclusion que le sien était désormais, selon le mot de M.
Mohamed Grayaa, chef du Département du système d’information, frappé
d’«obsolescence», de «lourdeur» et de «statisme», la STEG avait décidé de
se doter d’un nouveau système d’information «qui supporte les intérêts
stratégiques de l’entreprise et apporte une valeur ajoutée directe au métier
de l’entreprise, sur les plans de la qualité de service et de la performance
économique». Et assure, son P-DG ce faisant, son
entreprise ne se laisse pas entraîner par un «effet de mode», mais fait là
«un choix stratégique» nécessaire en vue de «la réalisation de sa vision qui
consiste à offrir à sa clientèle une qualité de service comparable à celle
des entreprises similaires de la rive nord de la Méditerranée», souligne M.
Ben Arfa, et d’y mettre les moyens, en l’occurrence un budget de 25 millions
de dinars.  

Et dans un premier temps, la STEG a été «séduite par des systèmes utilisés
par les sociétés similaires occidentales», et, donc, tenté d’en acquérir
‘’un clefs en main’’.  

Mais «devant les enjeux qui se sont dégagés», et «consciente de son rôle
mobilisateur, et soucieuse d’opérer avec des partenaires maîtrisant
l’environnement tunisien», la STEG a préféré «opter pour l’acquisition de
systèmes développés ou adaptés par des compétences tunisiennes», observe M.
Ben Arfa. Une «bonne initiative» que salue M. Montacer Ouaili, ministre des
Technologies de la Communication, qui y voit une opportunité pour un
partenariat entre secteurs public et privé, et l’occasion pour ce dernier,
«qui s’est toujours plaint du manque de projets, d’acquérir l’expérience et
les références pour pouvoir conquérir les marchés extérieurs».  

Mais, «après trois années et plusieurs tentatives de lancement d’appels
d’offres, nous constatons avec regret que ce choix, aussi noble soit-il,
n’est pas sans entraîner des risques, puisqu’on enregistre à ce jour des
retards consistants sur la majorité de nos projets informatiques», clame, un
petit peu amer, le P-DG de la STEG. Des retards dont il n’impute pas la
responsabilité en totalité aux SSII tunisiennes. Certes, le premier
responsable de cette grande entreprise publique reproche à ces dernières «le
peu de visibilité» qu’elles donnent «en matière de compétence, ressources et
capacité qu’elles possèdent pour faire face aux grands projets». Mais il met
en cause également «les modalités imposées par les procédures de passation
des marchés publics peu adaptées à un secteur technologique très évolutif»,
et «probablement le peu d’expérience des entreprises publiques dans la mise
en œuvre des projets informatiques importants en sous-traitance». A quoi le
ministre des Technologies de la Communication ajoute «l’attitude des
directions de l’informatique jalouses de leurs prérogatives et qui veulent
développer les systèmes d’information en interne». 

Quoiqu’il en soit, la STEG ne se ravise pas –du moins pas encore- et voudrait
continuer sur la voie du partenariat avec les SSII tunisiennes. D’autant
qu’elle est consciente que «le secteur des TIC, d’importance stratégique
pour l’avenir de notre pays, est un secteur émergeant qui se caractérise par
un nombre important d’entreprises de petite taille et jeunes» et essaie de
«s’y adapter». 

Toutefois, la STEG attend que «les SSII fassent des efforts pour se doter
des compétences nécessaires, effectuer les alliances nécessaires entre
elles, avec ou sans apport étranger, mieux maîtriser les technologies, et,
en conséquence, créer les synergies afin de nous assurer la qualité et le
respect des délais que nous sommes en droit d’exiger d’elles en matière de
développement de système d’information».  

Autrement dit, les SSII sont invitées à saisir l’opportunité de la
modernisation du système d’information de la STEG pour s’organiser «en
conséquence», faire leur mise à niveau et, notamment, recommande le
président-directeur général de la STEG, mettent en place «un système de
qualité de niveau international, nous citons l’ISO 9000-3 et le CMM (Capability
and Maturity Model) pour le développement de progiciels, l’élaboration et le
respect des bonnes pratiques de la profession, marquant par-là leur
engagement en matière de performances, de moyens, de professionnalisme, de
mise à niveau technologique, de transparence, de délais, etc.».  

Ce qui veut dire que les SSII ne peuvent pas faire l’économie de cet effort
si elles «veulent que les grandes entreprises comptent sur elles pour
moderniser leurs services».  

Convaincu que «nous avons toutes les compétences requises pour réussir tous
les projets de développement de tous les systèmes d’information», le
ministre des Technologies de la Communication coupe, pour sa part, la poire
en deux. D’un côté, et tout en mettant en exergue les performances du
secteur des TIC durant le dixième Plan (un taux ce croissance de 20%, une
contribution de 8% au produit intérieur brut et la création de 30.000
emplois), il recommande aux SSII «à œuvrer sérieusement à améliorer leur
performance». De l’autre, M. Ouaili invite les cadres de la STEG «à traiter
le secteur privé en partenaire».