[29/01/2007 06:39:46] DETROIT (AFP) Les constructeurs automobiles américains mènent actuellement des négociations ardues avec les syndicats pour éviter des grèves et obtenir de nouvelles concessions dans le cadre de restructurations ayant déjà largement mis à contribution les employés. Ces discussions interviennent dans un contexte de ras le bol des employés syndiqués. L’Union Auto Workers (UAW) “a accepté des concessions depuis trop longtemps”, résume dans un mémo l’un d’entre eux, travaillant chez General Motors (GM), et qui prône “une stratégie de confrontation”. Face à la pression syndicale, les constructeurs automobiles sont aussi sollicités par les investisseurs, qui jugent les coûts salariaux trop élevés et réclament de nouvelles économies pour accélérer le retour à la rentabilité. La grogne est montée d’un cran la semaine dernière au sein de l’UAW: une fuite dans la presse américaine a révélé que Ford, qui a accusé une perte record de près de 13 milliards de dollars en 2006, souhaitait récompenser des cadres dirigeants avec de larges bonus. La nouvelle est intervenue alors que Ford a difficilement négocié pendant plusieurs mois avec l’UAW pour boucler un programme de départs volontaires visant 40.000 employés et la fermeture de 16 usines en Amérique du Nord. Ce volet social, non achevé, est l’un des points-clés du plan de 5 milliards de dollars d’économies d’ici 2008 de Ford. Le patron de Ford, Alan Mulally, a défendu jeudi les bonus aux dirigeants, faisant valoir qu’ils étaient nécessaires pour motiver les équipes de direction.
L’UAW a déjà accepté un plan de départs volontaires au printemps dernier chez GM et l’équipementier automobile en faillite Delphi, à l’issue de négociations difficiles où le syndicat avait menacé de faire grève. Ce plan s’est accompagné de réductions drastiques du côté des prestations retraites et santé et du projet de fermeture de 12 usines en Amérique du Nord, devant permettre à GM de réaliser 6 milliards de dollars d’économies par an. Le plan social chez GM – 36.000 départs volontaires – a inspiré Ford et Chrysler pour résoudre leurs difficultés en Amérique du Nord. L’UAW négocie toujours avec Chrysler, qui souhaite obtenir, sans succès pour l’instant, un plan de départs volontaires et des concessions salariales. En Allemagne, DaimlerChrysler s’est plainte des pertes d’exploitation de sa marque américaine Chrysler. La maison-mère a exhorté cette dernière à trouver une solution de redressement rapide, en taillant dans ses coûts fixes, donc salariaux. L’UAW doit aussi encore négocier avec Ford, qui a obtenu 34.000 départs fin 2006 sur les 40.000 prévus, et souhaite abaisser encore des prestations salariales chez certaines catégories d’employés. Ford ne prévoit pas de redevenir rentable avant 2009 et a promis pour 2007 une perte moins lourde que son record de 2006. GM, qui a accusé une perte historique de 10,6 milliards en 2005, doit publier prochainement ses résultats annuels, avec déjà 3 milliards de pertes sur les neuf premiers mois de l’année. “Beaucoup d’investisseurs estiment que pour redresser sensiblement un groupe, il faut en passer par une grève”, ironise Ron Tadross, analyste de Bank of America. La bataille pour des concessions devrait toutefois prendre une tournure moins tragique car le syndicat est aussi conscient des conséquences négatives d’une grève, selon Harley Shaiken, spécialiste des questions syndicales à l’université de Berkley (Californie, ouest). “Il s’agit clairement d’une période difficile, mais le sentiment général au sein de l’UAW est qu’il faut aider ces entreprises”, affirme-t-il. |
||||
|