Changes : les Européens s’inquiètent d’un yen sous influence politique

 
 
SGE.MZD59.290107213059.photo00.quicklook.default-512x252.jpg
Thierry Breton (G) à la réunion des ministres des Finances de la zone euro le 29 janvier 2007 (Photo : Gérard Cerles)

[29/01/2007 21:35:03] BRUXELLES (AFP) Les ministres des Finances de la zone euro ont manifesté lundi à Bruxelles leur inquiétude devant ce qui est perçu en Europe comme une manipulation politique du yen japonais, alors que la volatilité sur les marchés des changes pourrait ébranler la reprise économique en cours dans l’UE.

A l’approche début février d’une réunion des ministres des Finances du G7 à Essen, tant le président de l’eurogroupe Jean-Claude Juncker, que le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Joaquin Almunia, ont implicitement mis en cause le pouvoir politique japonais, soupçonné d’avoir fait pression sur la Banque du Japon pour qu’elle maintienne un statu quo monétaire qui contribue à la sous-évaluation du yen.

“Nous estimons que la reprise conjoncturelle que traverse actuellement le Japon doit se refléter dans le taux de change du yen”, a expliqué M. Juncker, en rendant compte d’une discussion “intense” sur les taux de changes au sein de l’eurogroupe, où siégait pour la première fois de plein droit le ministre des Finances de la Slovénie, entrée dans la zone euro le 1er janvier.

“Je serais opposé à l’exercice d’une influence politique sur le niveau du yen”, avait expliqué de son côté M. Almunia avant la réunion, en jugeant que “les taux de changes doivent refléter les données économiques fondamentales”.

M. Juncker, a affirmé que la question du yen serait débattue au G7 et a laissé entendre que les Européens souhaitaient un langage plus ferme dans le communiqué.

Lors de la dernière réunion du G7 à Singapour en septembre 2006, les responsables japonais avaient bataillé ferme, et avec succès, pour que la faiblesse du yen ne soit pas explicitement mentionnée dans le communiqué.

Mais les soupçons d’une manipulation de leur devise par les autorités de Tokyo ont ressurgi avec force le 18 janvier, quand la Banque du Japon a décidé, contrairement aux attentes, de ne pas relever son principal taux d’intérêt directeur, actuellement de 0,25% seulement.

La banque centrale nipponne, dont l’indépendance est récente et sujette à caution, a été accusée d’avoir cédé à la très forte pression venant du gouvernement et des milieux politiques en faveur du statu quo monétaire.

Lundi, le yen cotait 157,53 JPY pour un euro, pas très loin du plus bas niveau historique enregistré le 24 janvier à 158,62 JPY pour un euro.

Or, les Européens estiment que la reprise économique apparemment bien établie dans la zone euro devrait se poursuivre en 2007 et 2008, à condition qu’elle ne soit pas perturbée par une volatilité excessive des taux de change. Lundi soir, M. Almunia a évoqué les perspectives positives de l’économie européenne que devraient confirmer le 16 février les prévisions intérimaires de la Commission européenne.

“La croissance en 2007 devrait être meilleure que ce que nous espérions en novembre dernier”, a-t-il dit.

L’eurogroupe a par ailleurs donné son aval lundi soir à l’avis de la Commission européenne, qui recommande l’abandon de la procédure en déficit excessif lancée contre la France en 2003. Formellement, la décision sera prise mardi par les ministres des Finances des 27, réunis en conseil Ecofin.

L’abrogation de la procédure visant la France, et bientôt de celle engagée contre l’Allemagne “prouvent que les Etats membres sont en train d’appliquer la discipline budgétaire”, a souligné M. Almunia.

Il s’agit, a-t-il ajouté, d’un “pas en avant vers l’usage d’une phase économique positive pour avancer vers l’équilibre des finances publiques”.

 29/01/2007 21:35:03 – © 2007 AFP