L’Allemagne fait bloc derrière la BCE, contre les critiques françaises

 
 
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Le siège de la Banque centrale européenne à Francfort (Photo : John MacDougall)

[30/01/2007 16:15:23] FRANCFORT (AFP) L’Allemagne est de nouveau venue faire bloc mardi derrière la Banque centrale européenne (BCE), le ministre des Finances jugeant son indépendance “intangible” et la chancelière Angela Merkel réaffirmant son inquiétude face aux critiques françaises contre les gardiens de l’euro.

“L’indépendance de la BCE est intangible, il ne doit y avoir aucun doute à ce sujet”, a déclaré le ministre des Finances, le social-démocrate Peer Steinbrück, au quotidien économique Handelsblatt daté de mardi.

La chancelière conservatrice Angela Merkel avait déjà défendu la BCE contre les salves françaises. Mardi elle est revenue sur le sujet.

“Je suis avec beaucoup d’inquiétude les discussions sur la BCE dans certains pays, notamment en France dans le cadre de la campagne pour les présidentielles”, a-t-elle déclaré à Berlin lors d’un colloque organisé par des organisations industrielles et patronales allemandes.

Plusieurs hauts responsables politiques français, dont les deux candidats favoris pour les élections présidentielles Ségolène Royal (socialiste) et Nicolas Sarkozy (UMP, centre-droit), ont demandé une remise à plat des compétences de la BCE.

La politique de remontée de taux de l’institut a contribué à renforcer l’euro face au dollar ce qui, selon eux, désavantage les exportations françaises actuellement en plein marasme. Les économistes pointent surtout des problèmes de compétitivité des entreprises de l’Hexagone pour expliquer la mauvaise passe des ventes à l’export.

La BCE ne doit pas être “omnipotente” et tenir compte de la croissance et de l’emploi dans ses objectifs, pas seulement de la maîtrise de l’inflation, avait répété Mme Royal à la mi-janvier.

“Il est permis de discuter en interne avec les représentants de la banque centrale, par exemple au sein de l’Eurogroupe, sur les répercussions macroéconomiques des changements de taux d’intérêt”, a jugé Peer Steinbrück dans l’entretien au Handelsblatt.

Mais il rejette l’idée que les ministres puissent faire des recommandations claires à la Banque centrale, selon le journal. Par ailleurs, les hausses successives du principal taux directeur de la zone euro –qui a grimpé depuis décembre 2005 de 2% à 3,50%– n’ont à ses yeux pas handicapé la croissance allemande.

“J’ai l’impression que l’économie allemande est assez forte pour supporter le niveau actuel des taux, qui reste toujours très modéré d’un point de vue historique”, a-t-il estimé.

Le président de la BCE, le Français Jean-Claude Trichet, a plus d’une fois affirmé que le statut d’indépendance de la BCE n’était pas un sujet de débat.

Ernest-Antoine Seillière, président français de l’organisation patronale paneuropéenne Business Europe (ex-Unice) a tenté de relativiser la portée des critiques françaises.

“C’est une certaine tradition en France: si vous n’êtes pas bons, vous dévaluez votre monnaie. On ne peut plus le faire, donc on commence à s’attaquer au président de la BCE”, a-t-il expliqué lors du colloque à Berlin.

“Ce qu’on entend en France, on ne l’entend pas dans d’autres pays. Je ne pense pas que vous deviez le prendre très au sérieux”, a-t-il assuré, en réponse à la question d’un journaliste.

 30/01/2007 16:15:23 – © 2007 AFP