Altria se libère de Kraft et redevient un prospère géant du tabac

 
 
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Une femme fume une cigarette dans un pub à Londres, le 16 novembre 2004 (Photo : Nicolas Asfouri)

[31/01/2007 20:47:22] NEW YORK (AFP) Le groupe Altria va se séparer de sa filiale d’alimentation Kraft Foods pour se recentrer sur les cigarettes, véritable poule aux oeufs d’or guère affectée par les aléas juridiques et les campagnes anti-tabac dans le monde.

L’ex-Philip Morris, qui depuis 1985 s’était diversifié dans l’alimentation puis avait changé de nom en 2003, en pleine tourmente des procès anti-tabac, a annoncé mercredi qu’il allait distribuer ses 89% d’actions Kraft à ses actionnaires le 30 mars, tout en annonçant des recettes florissantes pour ses activités tabac.

L’opération fera naître deux colosses distincts.

D’un côté Altria, recentré sur les filiales tabac Philip Morris USA et Philip Morris international, porté par Marlboro, première marque mondiale de cigarettes, assez riche pour racheter des rivaux et continuer son expansion.

De l’autre Kraft, second groupe alimentaire mondial, panier de marques phare (café Maxwell, biscuits Oreo et Nabisco…) solides mais moins rentables que la cigarette.

Leurs deux groupes ont de quoi séduire les marchés qui parient déjà sur une nouvelle séparation dans les mois qui viennent entre Philip Morris USA, l’entité la plus menacée par la série de procès d’anciens fumeurs aux Etats-Unis, et Philip Morris International (PMI), vache à lait du groupe, leader des cigarettes dans le monde et sans grand risque juridique en cours.

En 2006 Altria, réunissant les deux entités, a vu son bénéfice net grimper de 15,2% à 12 milliards de dollars, sur des ventes de 101,4 milliards.

Le divorce à l’amiable permettra à chacune de mieux gérer sa croissance, notamment par des acquisitions, pour se renforcer sur des marchés qui dans les deux cas sont très compétitifs, a expliqué le groupe.

Déjà en 2006 Kraft a racheté les filiales espagnoles et portugaises du groupe United Biscuits, ainsi que les droits des marques de Nabisco en Europe, Moyen-Orient et Afrique, pour 1,1 milliard de dollars, et revendu sa branche de biscuits pour chiens Milk-Bone et sa marque Minute Rice.

De son côté, PMI, leader sur les marchés développés mais qui recherche des relais de croissance dans tous les pays émergents, est devenu majoritaire dans le cigarettier pakistanais Lakson Tobacco.

Sa stratégie d’expansion, mais aussi de hausse des prix des cigarettes, a été payante: les ventes de tabac étaient en hausse aux Etats-Unis de 1,9% et de 6,6% à l’international, dont +7% en France, avec une part de marché mondiale en hausse, de plus de 42%.

Kraft a moins brillé, avec un chiffre d’affaires annuel stagnant (+0,7%) et un bénéfice opérationnel diminué de 4,8%.

Les analystes se réjouissaient de la séparation à venir, soulignant qu’Altria a profité de la fenêtre de tir offerte par l’atténuation des menaces juridiques. En août, un procès fleuve l’a finalement exonérée d’une amende faramineuse.

“Le groupe a mis en avant un environnement juridique meilleur”, a souligné la maison de courtage AG Edwards, qui s’attend à une prochaine décision de séparer Philip Morris USA et PMI, cette dernière ayant “constitué la majorité des gains de 2006”. JP Morgan parie sur une décision de séparation dès août.

Les marchés voient d’un bon oeil actuellement les groupes de tabac: “Nous pensons qu’Altria, excluant Kraft Foods, sera mieux à même d’augmenter ses dividendes”, ajoute la note.

Philip Morris comme Kraft pourront ensuite encore accroître leur poids respectif. “La consolidation continuera en 2007 et Altria et Kraft pourront y participer significativement”, estime AG Edwards.

“PMI a une énorme capacité d’achat et des opportunités de croissance en Europe de l’Est, Indonésie, Amérique Latine et Chine”, a renchéri JP Morgan, le meilleur moyen d’accroître ses profits sur un marché mondial du tabac globalement plat.

 31/01/2007 20:47:22 – © 2007 AFP