Le
schéma de développement pour le quinquennat 2007-2011, examiné vendredi 26
janvier par un conseil ministériel, a pour principaux objectifs d’accroître
de 50% le revenu par tête d’habitant, de réduire d’un point le taux de
chômage (y compris celui des diplômés du supérieur) et d’éradiquer la
pauvreté absolue.
Ce schéma porte l’empreinte des pressions exogènes et endogènes qui seront
exercées sur l’économie tunisienne.
Parmi ces pressions, figure en bonne place l’accroissement des besoins en
emplois. Jusqu’à 2011, le taux moyen de croissance de la population active,
estimé actuellement à 3,952 millions, devrait atteindre 4, 389 millions,
soit un taux de progression de 2,4%. La population occupée devrait passer,
elle, de 3,012 millions à 3, 436 millions.
Annuellement, la Tunisie se doit de créer, durant ce quinquennat, 87 mille
emplois contre 80.000 actuellement.
De tels projets devraient agir sur le taux de chômage appelé à régresser de
14,2% à 13,1%. Selon un autre scénario moins favorable ; autrement dit, si
l’ensemble de ces objectifs n’était pas atteint, la Tunisie serait
confrontée à une situation, le moins qu’on puisse dire, dramatique.
Si on croit la note d’orientation de la prochaine décennie (2007-2016), en
cas de maintien des taux de croissance actuels, soit une croissance
potentielle annuelle de 4,5% durant le XIème Plan (2007-2011), les créations
d’emploi sont estimées à 69 mille emplois par an, ce qui permettrait de
couvrir, seulement, 79,3% des demandes additionnelles.
Les conséquences d’un tel scénario seront désastreuses, d’autant plus que le
taux de chômage, actuellement de 14,2%, serait aggravé et porté à 15,2% à
l’horizon 2011. Le chômage toucherait particulièrement les diplômés du
supérieur. Ces derniers, estimés en 2006 à 16% de la population active, en
représenteraient 21,6% en 2011 et 26,1% en 2016.
Cette contrainte de l’accroissement de la population active exige une
accélération du rythme de croissance du PIB et son élévation à des niveaux
supérieurs. Le gouvernement planifie un taux de croissance annuel de 6,1%
pour toute la période du quinquennat.
La réalisation de cet objectif permettrait, entre autres, de porter le
revenu par tête d’habitant, d’ici 2011, à 5635 dinars contre 3994 dinars
actuellement.
Pour atteindre l’ensemble de ces objectifs, l’Etat compte sur trois
supports.
Premier moteur de croissance retenu pour cette période : l’investissement
privé. Ce support est appelé à croître, au cours de cette période, de 7,5%
par an en moyenne. Avec pour objectif de faire en sorte que la part de
l’investissement privé dans le PIB passe de 12, 8% actuellement à 16% en
2011, et que sa contribution à l’enveloppe globale de l’investissement
passe, au cours de la même période, de 56,5% à 63,5%.
Deuxième moteur de croissance : les investissements directs étrangers (IDE).
Il est attendu que cet appoint à l’investissement local joue un rôle
important, notamment au travers du développement des concessions de services
publics. Le montant des investissements de portefeuille et directs étrangers
(IDE) devraient passer de 4,945 milliards de dinars durant le Xème Plan à
7,775 milliards durant le XIème Plan.
Troisième facteur de croissance, la consommation privée. Forte de l’exploit
d’avoir boosté la croissance, ces dernières années (contribution à plus de
60% du PIB), celle-ci va, probablement, poursuivre sa dynamique. Par les
chiffres, cette consommation passerait de 14135 millions de dinars à 18324
millions de dinars.
Au plan des échanges extérieurs du pays, ils devraient contribuer
positivement à la hausse du PIB, au travers d’une augmentation moyenne de
6,6% par an des exportations et de 5,6% des importations entre 2007 et 2011.
La Palme d’or reviendra aux services dits «marchands» qui assureront la
contribution à la croissance la plus importante, et ce, à hauteur de 67% du
PIB contre 62% durant le Xème Plan.
Des performances de croissance sont attendues des secteurs des
télécommunications (+17,5%), de l’industrie manufacturière avec une mention
spéciale pour l’agroalimentaire et les industries mécaniques et électriques.
Le textile/habillement reprendrait son expansion, mais à un rythme inférieur
à la croissance moyenne du pays.
S’agissant des agrégats économiques, la note d’orientation prévoit, pour le
XIème Plan, un déficit budgétaire (y compris les privatisations) de 2,7% du
PIB, soit 1604 millions de dinars, un déficit de la balance des paiements au
taux de 3% (-1740 millions de dinars), une réduction du taux d’endettement
de 60% actuellement à 54,4% en 2011.
Les besoins de financements du XIème Plan sont estimés à 80,796 milliards de
dinars contre 55 milliards de dinars pour le Xème Plan. Cette enveloppe sera
mobilisée à hauteur de 57,661 milliards de dinars par le biais de l’épargne,
23,135 milliards sous forme de financements extérieurs répartis en 7,775
milliards sous forme de participation de portefeuille et d’investissements
directs étrangers (IDE), 6,2 milliards de dinars de dons et prêts publics et
9,160 milliards de dinars sous forme de prêts privés.