[02/02/2007 23:04:16] BERLIN (AFP) Le numéro un allemand de l’énergie EON a encore relevé vendredi son offre de rachat de l’électricien espagnol Endesa, à 41 milliards d’euros, ce qui en ferait la plus grosse acquisition jamais réalisée dans le secteur européen de l’énergie dont il vise le premier rang. EON propose désormais 38,75 euros par action Endesa, a annoncé vendredi soir le gendarme de la Bourse espagnole. Cela représente une rallonge de 4,5 milliards comparé à l’offre précédente à 34,50 euros par titre. Mais l’action Endesa valait un peu plus de 39 euros vendredi soir à la Bourse madrilène. EON conditionne la réussite de l’opération à l’atteinte de 50,01% du capital et à l’abandon par Endesa d’une clause qui limite les droits de vote de ses actionnaires, a-t-il précisé dans un communiqué séparé. Le groupe allemand reste seul en lice pour racheter Endesa après l’abandon jeudi soir de l’offre concurrente d’un autre groupe espagnol, Gas Natural. Mais il doit composer avec Acciona. Le groupe de BTP espagnol avait créé la surprise fin septembre en annonçant son entrée au capital d’Endesa, à hauteur à l’époque de 10%. Cette intervention avait alors poussé EON à relever une première fois son offre, de 10 milliards d’euros.
Au dernier pointage, Acciona avait augmenté sa part à 21,03%. Le groupe de BTP a réaffirmé vendredi qu’il n’apporterait pas dans l’immédiat ses titres à l’OPA d’EON, jugée insuffisante. Acciona avait avancé il y a quelque jours un prix bien plus élevé, de 58 ou 59 euros par action. Les actionnaires d’Endesa peuvent apporter leurs titres à l’OPA d’EON jusqu’au 26 février, presque un an jour pour jour après l’entrée du groupe allemand dans la bataille. EON sait se montrer patient dans ses projets. Il lui avait fallu un an et demi avant de réussir à racheter le gazier allemand Ruhrgas en 2003. Le dossier Endesa semble mieux se présenter quand EON annonce, le 21 février 2006, vouloir acheter Endesa, un mariage qu’il compte boucler pour l’été et qui doit lui permettre de passer devant tous ses rivaux européens dans le secteur de l’énergie. L’ensemble EON/Endesa dépasserait en capitalisation boursière le français EDF, depuis longtemps l’homme à abattre pour le groupe allemand, et même le couple Suez-GDF. A eux deux, EON et Endesa sont présents sur les principaux marchés d’Europe, Allemagne, Espagne, France, Italie, Grande-Bretagne…
EON se voit déjà en chevalier blanc face à Gas Natural. Mais Endesa juge son offre insuffisante. Parallèlement, le gouvernement espagnol, plutôt favorable à la création d’un champion national, fait tout pour bloquer l’opération. Madrid renforce en catastrophe les pouvoirs du régulateur national de l’énergie, la CNE, qui fixe 19 conditions, dont d’importantes cessions d’actifs, à un rapprochement EON/Endesa. EON les juge inacceptables, un avis partagé par la Commission européenne. Il faut attendre début novembre pour que, sous la pression de Bruxelles, la CNE revoie ses exigences en baisse. EON s’en satisfait, mais pas la Commission, qui a encore envoyé cette semaine une lettre de mise en demeure à Madrid. Entre-temps, le dossier s’est sérieusement compliqué, avec l’arrivée d’Acciona, interprétée par certains observateurs comme une nouvelle tentative pour constituer un front hispanique et bloquer EON, mais aussi l’enlisement dans une myriade de procédures judiciaires. Un tribunal madrilène n’a levé qu’à la mi-janvier le tout dernier obstacle judiciaire qui bloquait le lancement des Offres publiques d’achat (OPA) de Gas Natural et EON. D’autres procédures sont encore en cours dans divers pays. |
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