[02/02/2007 16:01:59] FRANCFORT (AFP) Les salariés allemands d’Airbus, qui craignent de payer le plus lourd tribut aux restructurations prévues chez l’avionneur, se sont mobilisés en masse vendredi pour défendre leurs emplois. En milieu d’après-midi, près de 25.000 personnes avaient pris part à cette journée de protestation, selon le syndicat de branche IG Metall. A Hambourg (nord), le plus grand site allemand du constructeur européen, plus de 10.000 salariés sur un total de 12.000 ont manifesté, selon la police. Des manifestations ont aussi eu lieu a Laupheim (sud-ouest), à Brême et à Varel (nord-ouest). “Airbus a besoin de Hambourg, Hambourg a besoin d’Airbus”: les slogans résument les enjeux pour le pays et laissent transparaître les craintes allemandes de payer plus que les autres les déboires de l’A380, l’avion géant d’Airbus. Le site de la ville hanséatique avait été montré du doigt dans la crise de l’A380: les retards de production ont été mis en partie sur le compte des problèmes de câblages dont l’usine de Hambourg a la charge. Les craintes sont nourries depuis plusieurs jours par la rumeur. M.Thomas Enders, co-président d’EADS, aurait ainsi évoqué la suppression de 10.000 emplois sur un effectif total de 23.000. La rumeur a été formellement démentie par la maison mère d’Airbus. Le quotidien Die Welt cite aussi vendredi un document confidentiel du siège à Toulouse, selon lequel la direction veut subordonner les sites allemands à leurs homologues français, avec lesquels ils sont jusqu’à présent sur un pied d’égalité. Toutes les technologies de pointe seraient notamment assurées depuis la France, assure le journal. Le partage des tâches industrielles a toujours été un point très sensible chez Airbus, où les intérêts industriels doivent composer avec les fiertés nationales. Les politiques allemands sont déjà montés au créneau, le ministre de l’Economie Michael Glos est décidé à tout faire pour que les restructurations n’interviennent pas “au détriment des sites allemands”. Le président du Comité d’entreprise Rüdiger Lütjen a quant à lui réclamé à la direction, Louis Gallois en tête, “un engagement clair et sans équivoque envers les sites allemands et leurs salariés”. M. Lütjen, qui s’exprimait à Hambourg, redoute la perte de plus d’au moins 5.100 emplois chez Airbus Allemagne et autant chez ses fournisseurs. Le patron d’Airbus Allemagne, Gerhard Puttfarcken, qui s’exprimait également à Hambourg, a exhorté les salariés à faire confiance à la nouvelle direction, reconnaissant dans la crise actuelle d’Airbus de graves erreurs de gestion. En France, des débrayages ont été organisés devant les usines de Saint-Nazaire et de Nantes(ouest) et le site de Méaulte(nord). Des salariés ont remis à la préfecture à Toulouse une lettre adressée au président Jacques Chirac. Il s’agit de “rappeler à l’Etat qu’il doit assumer ses responsabilités en tant qu’actionnaire de l’entreprise à un moment où elle s’apprête à affronter des difficultés”, a déclaré Jean-François Knepper (FO), co-président français du comité d’entreprise européen à Airbus. Un consortium de banques et d’Etats régionaux allemands met la dernière main à un montage financier qui devrait permettre à l’Allemagne de récupérer une part de 7,5% dans EADS, que veut vendre le groupe automobile DaimlerChrysler, préservant ainsi l’équilibre franco-allemand dans le capital de la maison mère d’Airbus. |
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