[04/02/2007 08:36:11] NEW YORK (AFP) Le réchauffement climatique, en déréglant les conditions météorologiques actuelles, pourrait accentuer les variations de prix sur le marché du pétrole, à l’instar de la chute du brut constatée au début du mois de janvier. La communauté scientifique, réunie au sein du groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec), a lancé vendredi un avertissement sans précédent sur l’ampleur du changement climatique, estimant que les températures devraient progresser de 1,8 à 4°C d’ici la fin du siècle. Elle a aussi jugé probable la multiplication de dérèglements tels que chaleurs extrêmes, fortes précipitations ou activité cyclonique accrue. Cette mise en garde ne devrait pas échapper au monde de la finance, en particulier sur les marchés les plus sensibles aux variations du climat, tel que celui du pétrole. Les analystes avaient déjà crû déceler la patte du changement climatique derrière la chute vertigineuse des cours du brut en début d’année. Ceux-ci avaient en effet perdu 18% de leur valeur en moins de trois semaines en raison de températures anormalement élevées dans l’hémisphère nord, ayant plombé la demande de fioul de chauffage. Ils ont remonté ensuite avec la vague de froid qui frappe actuellement les Etats-Unis. “Il est difficile d’isoler l’impact exact du réchauffement climatique sur la demande”, souligne Bart Melek, analyste chez BMO Capital Markets. “Mais si on suppose que le climat actuel est dû en partie au réchauffement climatique, on peut dire que nous avons déjà enregistré son premier impact sur les cours du gaz naturel l’an dernier et sur ceux du pétrole cette année.” Et le mécanisme pourrait d’ailleurs ne pas jouer seulement à la baisse. En effet, “si le réchauffement climatique est un phénomène durable, et il n’y a plus guère de scientifiques pour en douter, alors il concernera toutes les saisons. L’été prochain donc, on peut s’attendre à une forte utilisation des climatiseurs qui, associée à la saison des grands déplacements, poussera le prix du brut vers le haut. En automne, on craindra, désormais, des dépressions de grande ampleur”, pronostiquent les analystes de la banque Natixis. “Autrement dit, le réchauffement climatique est à moyen terme un facteur de volatilité accrue”, résument-ils. Dans son rapport, le Giec remarque qu’il “existe des preuves empiriques d’un accroissement de l’intensité de l’activité cyclonique dans l’Atlantique Nord (…) corrélé avec l’augmentation de la température des eaux tropicales en surface”. Un constat qui n’est pas sans conséquence pour les investisseurs. Fin août 2005, le cyclone Katrina avait ravagé la Nouvelle Orléans, endommagé de nombreuses plate-formes pétrolières américaines et fait flamber le prix du brut, qui avait pour la première fois dépassé les 70 dollars le baril. “Si la météo devient plus erratique, la demande et les prix feront de même”, remarque Bart Melek. “C’est le rêve des courtiers”, plaisante-t-il. Les scientifiques restent toutefois prudents sur l’interprétation des phénomènes cycloniques, jugeant les données trop récentes ou pas assez fiables. Finalement, l’impact le plus important du réchauffement climatique pourrait se faire ressentir dans les 10 à 20 prochaines années quand la plupart des grands pays consommateurs auront développé des sources alternatives d’énergie, estime James Williams, de WTRG Energy. Mais, “modifier la consommation américaine de pétrole nécessite pratiquement de changer la société”, assène-t-il. “Et je n’ai vu aucune indication de cela depuis les années 70. Notre politique énergétique se limite a avoir de l’essence bon marché.” “Le meilleur moyen de réduire la consommation de pétrole serait d’avoir un prix du baril à 150 dollars”, conclut-il. |
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