Restructuration chez Airbus : les tensions sociales et nationales s’alourdissent

 
 
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Des employés d’Airbus manifestent à Brême, le 2 février 2007 (Photo : Nigel Treblin)

[06/02/2007 13:10:43] PARIS (AFP) Les tensions sociales et nationales pèsent de plus en plus sur la finalisation du plan de restructuration d’Airbus, qui doit en principe annoncer le 20 février des économies de fonctionnement drastique, des suppressions d’emploi et d’importantes réorganisations industrielles.

Trois jours après une mobilisation de masse des syndicats allemands qui ont rassemblé 25.000 personnes vendredi autour des sept usines allemandes du groupe, les syndicats français, qui s’étaient contentés de délégations aux préfectures vendredi, ont monté la mobilisation d’un cran en appelant à une heure de débrayage pour mardi.

Cet appel a été “largement suivi” dans les différentes usines du constructeur aéronautique européen, dont les cinq de Toulouse et de son agglomération, a-t-on appris de source syndicale.

“Le mouvement a été largement suivi. Il a réuni près de 90% des salariés d’Airbus, soit 17.000 à 18.000 des 21.000 salariés de toute l’entreprise” en France, a indiqué à l’AFP Jean-François Knepper (FO), co-président français du comité d’entreprise européen à Airbus.

La direction d’Airbus a confirmé ces chiffres, qualifiant de “très élevé” le nombre de salariés ayant participé au mouvement de débrayage, qui a eu lieu de 10H30 à 11H30.

Le président d’Airbus et co-président de sa maison-mère EADS, Louis Gallois a eu beau répéter que le plan serait “difficile mais juste et équitable”, la peur d’un plan social est doublée de craintes politiques de voir une des deux principales bases industrielles du constructeur européen, l’Allemande ou la Française vidée de sa substance au profit de l’autre.

Si le gouvernement français est resté relativement discret ces derniers jours, le magazine allemand Der Spiegel affirmait lundi que la chancelière allemande, Angela Merkel, voulait rencontrer M. Gallois avant le 20 février.

Sans commenter l’information, une porte-parole du gouvernement allemand indiquait à l’AFP que Berlin “utiliserait tous les moyens à sa disposition pour représenter auprès d’EADS les intérêts des sites allemands d’Airbus.”

De son côté le ministre de l’Economie Michael Glos menaçait dimanche dans la presse de “revoir les contrats de défense” avec EADS, si le plan de restructuration de l’avionneur pénalisait son pays plus que les autres. Le gouvernement allemand a rectifié le tir lundi, affirmant par la voix d’un porte-parole qu’il n’était pas question de “menacer”, mais de discuter.

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Des salariés d’Airbus manifestent lors d’un débrayage, le 6 février 2007 à Colomiers (Photo : Pascal Pavani)

Le calendrier du groupe EADS semble lui même chahuté par ces turbulences. Ainsi au moment même où les syndicats français on annoncé lundi que leur débrayage aurait lieu pendant un conseil d’adminsitration d’EADS, une source proche du conseil a indiqué à l’AFP que cette réunion était annulée.

Selon Le Monde, qui évoque également ce report de calendrier lundi sur son site internet, le groupe voudrait “attendre un climat plus serein” pour tenir cette réunion.

La tension est à la mesure de l’enjeu. Pour économiser 5 milliard d’euros d’ici à 2010 puis 2 milliards par an, Airbus a indiqué qu’il voulait notamment économiser 30% sur les frais de fonctionnement d’un groupe de 56.000 salariés. De sources concordantes, le plan prévoit aussi de ramener la part produite en interne de 65% à 50%, de centraliser au sein d’EADS les fonctions achats, finances, ressources humaines, informatique…

Viendra ensuite la réorganisation industrielle, la cession d’activités non essentielles à des sous-traitants, ainsi qu’une nouvelle répartition du travail entre sites.

Les syndicats allemands craignent 5.000 à 8.000 suppressions d’emplois, et le quotidien Die Welt citait vendredi un document confidentiel d’Airbus à Toulouse selon lequel la direction voudrait subordonner les sites allemands à leurs homologues français et réserver les technologies de pointe à ces derniers.

Parallèlement, l’usine allemande de Brême, chargée jusqu’ici d’équiper en volets les ailes (produites en Grande-Bretagne) et le plan horizontal arrière (produit en Espagne), serait contrainte de les abandonner à ces partenaires.

Côté français, la rationalisation industrielle n’incite guère plus à l’optimisme. Les syndicats redoutaient lundi “le rapatriement en Allemagne de la chaîne A320”.

 06/02/2007 13:10:43 – © 2007 AFP