[06/02/2007 11:41:21] BANGKOK (AFP) Dans une étonnante volte-face, Bangkok a annoncé mardi la réouverture de son ancien aéroport de Don Muang, face aux problèmes récurrents du nouvel aérogare de Suvarnabhumi, qui se voulait le symbole de la Thaïlande moderne. “Le gouvernement a décidé de maintenir deux aéroports internationaux pour notre pays car il y a eu de nombreux revers à l’aéroport Suvarnabhumi et nous devons nous préparer à gérer plus de passagers à l’avenir”, a indiqué à la presse le Premier ministre Surayud Chulanont. “Il est donc nécessaire de disposer de Don Muang en tant que second aéroport international”, a-t-il ajouté. Le ministre des Transports, Thira Haocharoen, a précisé que “Don Muang sera rouvert de manière permanente” et qu’il sera prêt à accueillir de nouveau des appareils d’ici 45 jours. La répartition des compagnies aériennes entre les deux aéroports sera déterminée prochainement, a-t-il indiqué. Don Muang avait été fermé en septembre, après l’ouverture en fanfare du nouvel aéroport international Suvarnabhumi, qui devait devenir l’icône de la réussite économique et touristique thaïlandaise.
D’un coût de trois milliards de dollars, la nouvelle plateforme était l’enfant chéri de l’ancien Premier ministre et homme d’affaires Thaksin Shinawatra, déposé par un coup d’Etat le 19 septembre. Mais le nouvel aéroport souffre de tous les maux: fissures sur ses pistes (une centaine), toilettes en nombre insuffisants, accusations de corruption… Les problèmes sont tels que le Département thaïlandais de l’aviation civile n’a pas renouvelé un certificat attestant la conformité aux normes internationales, qui n’est cependant pas obligatoire légalement. Le directeur de l’aéroport avait démissionné, accusant les autorités d’avoir ignoré ses mises en garde. Le gouvernement thaïlandais avait indiqué qu’il allait demander à certaines compagnies aériennes de transférer certains vols intérieurs sur l’ancien aéroport de Don Muang, le temps de réparer la nouvelle plateforme. Mais seule une réouverture temporaire avait alors été évoquée. Suvarnabhumi, qui veut dire “Terre d’Or” en thaï, a une capacité annuelle théorique de 45 millions de passagers. Il devait se substituer à Don Muang, par où transitaient 37 millions de passagers par an, deux millions de plus que sa capacité.
Lors de son inauguration, fin septembre, on lui avait prêté l’ambition de concurrencer les aéroports de Singapour et de Hong Kong. Le projet, vieux de 45 ans, avait vu le jour peu après le coup d’Etat qui avait amené une junte militaire à Bangkok. Dès son entrée en service, des manquements avaient été constatés. Des centaines de passagers avaient été victimes de retards de plusieurs heures dans l’acheminement de leurs bagages. Un haut responsable de Thai Airways avait alors été licencié. Plus tard, des plaintes avaient été déposées pour pollution sonore. Enfin, plus de cent fissures étaient apparues, dont certaines dans des zones de décollage. Bangkok Airways, première compagnie aérienne privée de Thaïlande, s’est montrée réservée à l’annonce de la mesure. “La compagnie a dépensé une énorme somme d’argent à Suvarnabhumi”, a déclaré sa porte-parole Nandhika Varavarn. “Nous allons devoir réfléchir à ce que nous allons faire”, a-t-elle ajouté. Les responsables du transport aérien ont quant à eux déclaré leur surprise. “Le Bureau du transport aérien et les Aéroports de Thaïlande ont été tous les deux surpris par la décision inattendue et pressante qui a été prise par le gouvernement”, a déclaré Kulya Pakakrong, président des Aéroports de Thaïlande. |
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