[08/02/2007 17:22:17] FRANCFORT (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) a confirmé jeudi ses projets de resserrer de nouveau les conditions du crédit de la zone euro en mars, mais s’est gardée de dévoiler ses cartes pour la suite. “Une grande vigilance continue à s’imposer” afin de garantir la stabilité des prix à moyen terme, a déclaré son président Jean-Claude Trichet lors d’une conférence de presse. L’emploi de cette expression a jusqu’à présent infailliblement conduit à une remontée des taux du crédit le mois suivant. Plus tôt, le conseil des gouverneurs avait décidé de laisser le principal taux directeur, qui détermine le coût du crédit en zone euro, inchangé à 3,50%. La politique monétaire de la BCE reste “accommodante”, a-t-il ajouté. Cela signifie que les conditions du crédit continuent à stimuler la croissance économique, mais portent en germe des risques de dérapage des prix. Pour la suite, la BCE agira “à temps et de façon ferme” si besoin, a-t-il prévenu, sans plus de détails. Sur sa liste des dangers, l’éventualité de fortes hausses salariales entraînant une spirale des prix figure sans conteste en tête. “Le conseil des gouverneurs va surveiller de très près les prochaines négociations salariales dans les pays de la zone euro”, a-t-il mis en garde, semblant s’adresser directement au syndicat de branche allemand IG Metall. Ce dernier a annoncé mardi vouloir une hausse des salaires de 6,5% pour les quelque 3,4 millions de salariés de la métallurgie et de l’électrotechnique, jugeant le temps venu de profiter de la croissance retrouvée. Alors que l’économie reste à leurs yeux solide, les gardiens de l’euro s’inquiètent aussi d’une éventuelle reprise de la flambée des prix du pétrole, d’une répercussion plus forte qu’attendu des augmentations de tarifs administratifs, ainsi que de la croissance toujours élevée de la masse monétaire et des crédits au secteur privé. Pour les mois à venir toutefois, l’inflation devrait rester sage. La forte hausse de la Taxe sur la valeur ajoutée en Allemagne ne s’est pas reflétée dans les chiffres de l’inflation du mois de janvier, a admis M. Trichet et la hausse des prix pourrait rester modérée au printemps et cet été, avant de remonter ensuite au cours de 2007 à cause d’effets de base défavorables. Les économistes ont réagi en ordre dispersé au message du jour. Certains ont conclu à une longue pause, d’autres étaient confortés dans leur prévision d’une fin du cycle de remontée des taux, d’autres encore persuadés que le prochain tour de vis aurait lieu en juin. “Notre impression reste que la BCE n’a pour le moment pas de consensus interne sur la politique monétaire après mars”, indique Holger Schmieding, économiste à la Bank of America. Il s’attend à une révision des prévisions d’inflation de l’institut pour cette année en mars prochain (à 1,8% contre 2% actuellement), puis une pause jusqu’à l’automne avant de nouveaux relèvements qui porteraient le taux à 4,25 en janvier 2008. Dans un contexte d’un ralentissement de la croissance et de l’inflation, des “considérations politiques pourraient être un argument supplémentaire pour adopter une position de +wait and see+”, ajoute M. Schmieding en référence aux élections présidentielles françaises. Selon Alexandre Bourgeois de Natixis, une hausse du principal taux “à 4% avant l’été, en mai ou plus sûrement en juin, semble toujours probable”, après l’insistance de M. Trichet à souligner les risques potentiels de salaires élevés. |
||
|