France : nouveau déficit commercial record malgré des exportations en hausse

 
 
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Le solde des échanges (par secteur, par zone géographique, évolution depuis 1997)

[09/02/2007 15:17:29] PARIS (AFP) La France a enregistré en 2006 un déficit de son commerce extérieur supérieur à 29 milliards d’euros, un nouveau record, comme en Grande-Bretagne, alors que l’Allemagne dégageait de nouveau un énorme excédent.

Pour la troisième année consécutive, la France a moins exporté de marchandises qu’elle n’en a importées, d’où un déficit de 29,211 milliards d’euros contre 22,936 milliards en 2005, selon les Douanes.

Un accroissement “intégralement expliqué par l’aggravation de la facture pétrolière”, a assuré la ministre déléguée au Commerce extérieur Christine Lagarde.

La course folle des cours du pétrole, avec un pic à plus de 70 dollars le baril l’été dernier, s’est soldée par une facture énergétique de 46,9 milliards d’euros, soit 8,5 milliards de plus qu’en 2005.

“Hors énergie, notre balance commerciale est en progression pour la première fois depuis 2002”, a souligné la ministre.

Autre motif de satisfaction pour Christine Lagarde, la hausse “historique” des exportations, qui ont atteint 387 milliards d’euros, soit une hausse de 8,6%, deux fois plus rapide qu’en 2005.

Les exportateurs tricolores ont profité d’une conjoncture plus favorable dans l’Union européenne, marché où ils réalisent 64% de leurs ventes, en particulier en Allemagne, leur premier client.

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La ministre déléguée au Commerce extérieur, Christine Lagarde à Ankara, le 15 juin 2006

Ils se sont également montrés plus offensifs dans les grands pays émergents, où ils restent nettement moins présents que les Allemands, avec des ventes en hausse de 40% vers la Chine ou de 35% vers l’Inde.

Des exportations portées par les grands contrats ferroviaires ou aéronautiques –256 Airbus ont été livrés l’an dernier– mais aussi les secteurs du luxe ou des vins et spiritueux, champagne en tête.

Gros point noir en revanche: l’automobile, où les ventes ont reculé de 1,7% en un an, après avoir déjà reflué en 2005. Une contre-performance due au manque de nouveaux modèles et au fait que les constructeurs français produisent de plus en plus en dehors du territoire national.

Plus généralement, le déficit s’explique aussi par le “dynamisme confirmé” des importations, relève Alexander Law, économiste de Xerfi. Des téléviseurs chinois aux voitures allemandes, elles continuent de progresser plus vite que les exportations, avec une envolée de 9,8% en 2006, à 416 milliards d’euros.

La France n’est pas le seul pays européen à accuser un lourd déficit commercial. Le Royaume-Uni a annoncé vendredi un “trou” record de plus de 126 milliards d’euros l’an dernier et celui de l’Espagne a atteint 83,29 milliards sur les 11 premiers mois de 2006.

Mais le contraste est saisissant avec l’Allemagne, championne du monde de l’export, qui a engrangé l’an dernier un excédent historique, de plus de 160 milliards d’euros.

Un écart que Christine Lagarde a expliqué vendredi par deux facteurs. L’Allemagne compte deux fois plus d’entreprises exportatrices, qui sont par ailleurs deux fois plus grosses que leurs concurrentes françaises. Et ce pays a tout misé sur les exportations, principal moteur de sa croissance, alors qu’en France, l’activité est tirée par la consommation intérieure.

Quant à savoir si la situation peut s’améliorer en 2007, la ministre relève que la croissance mondiale devrait légèrement fléchir, et note deux “inconnues”: le prix du pétrole et le niveau de l’euro.

Et d’avertir que si l’euro devait demeurer perché aux alentours de 1,30 dollar, les effets sur le commerce extérieur français “se feraient sentir plus qu’en 2006”.

 09/02/2007 15:17:29 – © 2007 AFP