[12/02/2007 11:19:50] SAN FRANCISCO (AFP) Avec le développement des téléphones portables combinant appareils photos et caméras, les internautes témoins d’un événement d’actualité peuvent se transformer en journalistes et sont à ce titre désormais recherchés par des sites d’information en ligne. Une nouvelle forme d’information est née appellée “journalisme participatif” ou “journalisme citoyen” qui consiste à inviter les internautes, témoins d’un événement, à mettre en ligne leurs photos, leurs vidéos et aussi leurs commentaires. En décembre Yahoo a lancé un site “YouWitnessNews” (vous êtes témoins de l’actu) qui recrute en ligne des “reporters contributeurs” et crée ainsi un nouveau service de contenu généré par des utilisateurs. Mais le pionnier dans ce domaine est le site “NowPublic.com”, fondé au Canada et qui invite depuis deux ans maintenant les internautes à soumettre en ligne textes, photos et vidéos d’actualité. NowPublic utilise plus de 60.000 “reporters” contributeurs dans plus de 140 pays et se flatte de pouvoir fournir très rapidement des témoignages directs d’évènements, catastrophes naturelles, attaques terroristes, étant survenus dans les coins les plus reculés de la planète. “Nous sommes devenus le plus grand réseau mondial de journalistes participatifs”, se félicite son directeur exécutif Leonard Brody, interrogé par l’AFP. “Les informations dans l’avenir vont être fournies par des anonymes et nous sommes en train de construire cette armée”, dit-il. NowPublic et YouWitnessNews ont conclu des accords avec des agences d’information mondiales pour leur fournir du contenu sur un sujet d’actualité dont les réseaux de correspondants de ces agences ne disposent pas. NowPublic propose même de rapidement localiser un témoin qui pourrait faire office de journaliste parce qu’il a assisté à un événement d’actualité. “Si une bombe explose à Budapest et vous voulez un témoin ayant été présent à quelque 1,5 kilomètre du lieu de l’explosion, nous le trouvons pour vous”, fait valoir M. Brody. “Vous avez des dizaines de millions de personnes dans le monde avec des téléphones portables et des appareils photos connectés en ligne. C’est comme si l’on avait une armée de correspondants”, explique à l’AFP Scott Moore, à la tête de Yahoo News. Yahoo a eu l’idée de lancer son site d’information participative après les attaques à Londres en juillet 2005, raconte-t-il. Dans les trente minutes qui ont suivi les attaques les responsables de Yahoo ont trouvé des images de la tragédie, mises en ligne par des témoins amateurs sur des sites comme Flickr. Et après quelques jours les images chocs ont déferlé sur la toile. Mais NowPublic se défend de vouloir remplacer le journalisme traditionnel et souligne que son ambition est uniquement de fournir la matière à l’information. “Notre mission est de fournir une armée de gens qui sont les yeux et les oreilles et qui sont utilisés par les journalistes pour construire leurs articles”, explique-t-il. “Dire à quelqu’un qu’il va être un citoyen journaliste c’est comme dire à quelqu’un qu’il va être un citoyen dentiste; cela requiert une formation et une personne lambda ne peut tout simplement pas le faire”, poursuit-il. “Je ne pense pas que cela va remplacer les journalistes tout comme la télévision n’a pas anéanti la radio ou l’internet n’a pas remplacé la télévision”, ajoute M. Moore. Sur le site NowPublic, des éditeurs sélectionnent les contenus proposés par les internautes et préviennent les contributeurs en cas de doute sur l’authenticité ou l’exactitude d’un événement. Les images de la tragédie causée par le cyclone Katrina dans le sud des Etats-Unis en septembre 2005 ou encore la pendaison de l’ancien dictateur irakien Saddam Hussein fin 2006 dont les images ont déferlé sur l’internet ont prouvé que les citoyens étaient partie prenante de la chaîne de l’information, selon M. Brody. |
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