[12/02/2007 13:04:23] LONDRES (AFP) Le géant britannique de la téléphonie mobile Vodafone est entré en force lundi sur un marché indien en plein boom, en prenant le contrôle de Hutchison Essar pour plus de onze milliards de dollars. L’opérateur étend ainsi son réseau mondial, bâti depuis la fin des années 1990 via une série d’acquisitions d’envergure, à commencer par celle, record, de l’allemand Mannesman en 2000. Il confirme aussi l’attrait des investisseurs occidentaux pour les économies émergentes de l’Asie. “Cette acquisition marque enfin pour Vodafone une percée significative dans les pays émergents”, a commenté la banque Merrill Lynch. Le marché indien de la téléphonie mobile enregistre actuellement la plus forte croissance dans le monde, avec 6,5 à 7 millions d’abonnés de plus chaque mois. Le pays compte environ 150 millions d’abonnés pour 1,1 milliard d’habitants, ce qui offre des perspectives de croissance supérieures à la Chine ou à la Russie. Le nombre d’abbonés devrait passer à 500 millions en 2010. Cette transaction, dont le montant s’élève à 13,1 milliards de dollars si l’on ajoute la dette d’Essar que Vodafone reprend à son compte, est la troisième plus grosse annoncée depuis le début de l’année dans le monde, tous secteurs confondus. Le groupe britannique a racheté les 67% que le conglomérat de Hong Kong Hutchison Whampoa possédait dans Essar. Il l’a emporté devant deux groupes indiens –l’opérateur mobile Reliance Communications et le conglomérat Hinduja (camions, banque)– et la famille indienne Ruia, qui détient les 33% restants. Essar, fondé en 1994, comptait 23,3 millions d’abonnés au 31 décembre, pour une part de marché de 16,4% que Vodafone veut porter entre 20 et 25% d’ici 2012. Selon l’Association indienne des opérateurs mobiles, il est le numéro trois du secteur, derrière Bharti Airtel (30% du marché) et l’opérateur public BSNL (25%). L’opération “illustre clairement notre stratégie, qui consiste à renforcer notre présence sur les marchés émergents”, a commenté le directeur général du groupe britannique, Arun Sarin. Numéro deux mondial du secteur derrière China Mobile, Vodafone, qui pèse 80 milliards de livres en Bourse et compte plus de 200 millions de clients, délaisse actuellement les pays où le taux de pénétration du téléphone portable sature, au profit des marchés en expansion. Il a cédé récemment le norvégien Telenor et sa filiale japonaise Vodafone KK et il a revendu à Swisscom les 25% qu’il détenait dans la filiale mobile du groupe suisse. Parallèlement, il a racheté le numéro deux turc du secteur, Telsim, pour 4,55 milliards de dollars. Vodafone était déjà présent en Inde avec un intérêt de 10% dans Bharti Airtel, qu’il va réduire à 4,4% selon un accord annoncé parallèlement. Des actionnaires du groupe britannique redoutaient qu’il ne paie trop cher pour Essar, mais analystes et investisseurs se montraient rassurés lundi, l’opération valorisant l’entreprise indienne à 18,8 milliards de dollars, alors que les estimations montaient jusqu’à 22 milliards. “Vodafone ne s’est pas laissé entraîner dans une bataille enflammée pour ces actifs”, a estimé Wesley McCoy, de Standard Life Investments, qui détient environ 1,7% du capital du groupe. “Bien que les prévisions avancées par Vodafone pour justifier son prix puissent paraître un peu optimistes, ce qu’il a réalisé avec Telsim est un gage de crédibilité quant à sa performance sur les marchés émergents”, a estimé la banque JP Morgan dans une note. L’action Vodafone était l’une des rares à progresser lundi à la Bourse de Londres: elle prenait 2,51% à 153 pence à 11H55 GMT, évoluant au plus haut depuis novembre 2005. |
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