Christophe de Margerie prend la tête du groupe Total

 
 
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Christophe de Margerie, ici en Chine en octobre 2006, est désormais à la tête du groupe Total (Photo : Patrick Kovarik)

[14/02/2007 06:52:45] PARIS (AFP) Christophe de Margerie, qui prendra la tête de Total mercredi, sera confronté à de nouveaux défis pour le groupe pétrolier, dont il envisage notamment une diversification dans le nucléaire pour anticiper un accès plus difficile aux hydrocarbures à l’avenir.

Ce passage de relais, prévu depuis plusieurs mois, se fera dans la continuité pour Christophe de Margerie, 55 ans, pur produit de Total, où il a effectué toute sa carrière depuis 1974.

Dauphin de l’actuel PDG Thierry Desmarest, il prendra la direction générale du groupe, tandis que M. Desmarest gardera la présidence non-exécutive du conseil d’administration.

Directeur de la division exploration-production de Total depuis 1999, M. de Margerie arrive à la tête d’un groupe qui se porte bien financièrement. Quatrième compagnie pétrolière mondiale par sa capitalisation boursière, Total est aussi la première capitalisation de la zone euro.

Le groupe a réalisé en 2005 un chiffre d’affaires de 143,2 milliards d’euros, et un bénéfice net record de 12 milliards. Les résultats publiés mercredi pour 2006 devraient être encore meilleurs et dépasser les 12 milliards d’euros, selon les analystes.

Au moment de l’arrivée de Thierry Desmarest à sa tête, en 1995, le groupe réalisait un chiffre d’affaires de 135,8 milliards de francs (20,7 milliards d’euros) pour un bénéfice net de 2,2 milliards de francs (335 M EUR).

Depuis, Total a réussi à avaler le belge Petrofina et son rival français Elf-Aquitaine, en 1999, et à devenir un leader mondial.

Aujourd’hui, une autre époque s’ouvre et Total doit envisager, comme ses concurrents, l’après-pétrole.

La production pétrolière du groupe, actuellement de 2,5 millions de barils par jour, ne pourra pas continuer à croître indéfiniment, et pourrait atteindre un pic à partir de 2020 ou 2025. Les champs pétrolifères et gaziers seront plus rares et plus coûteux à exploiter.

Par ailleurs, alors que les réserves de pétrole et de gaz sont contrôlées à près de 80% par les Etats producteurs et leurs compagnies, le renforcement du nationalisme pétrolier devrait compliquer la situation pour les grands groupes.

Dans ce contexte, M. de Margerie a indiqué le 5 février dans une interview au Financial Times que Total allait devoir s’intéresser à l’énergie nucléaire, alors que les énergies renouvelables ne pourront satisfaire qu’une partie des besoins en énergie.

“Nous devrons certainement un jour prendre part à cette aventure”, a-t-il déclaré, ajoutant : “Si ce n’est pas les hydrocarbures, si ce n’est pas les (énergies) renouvelables, si ce n’est pas le nucléaire, alors qu’est-ce que ce sera ?”.

Total, qui détient environ 1% du capital du groupe nucléaire Areva, dont Thierry Desmarest est membre du conseil de surveillance, pourrait chercher à accroître cette participation.

Le groupe pourrait aussi investir dans les mines d’uranium, se lancer dans l’exploitation de centrales nucléaires, ou chercher à se diversifier par des acquisitions, ce qui lui permettrait aussi, en grossissant, de se protéger d’une attaque possible de l’un de ses concurrents.

Parallèlement à ces défis stratégiques, Christophe de Margerie devra aussi faire face à une actualité judiciaire chargée pour Total.

Le procès de l’Erika s’ouvre lundi, tandis que le groupe est également visé par des affaires de corruption présumée en lien avec l’Irak, en Iran et au Cameroun. Dans le dossier parisien de l’affaire “pétrole contre nourriture” en Irak, M. de Margerie a été mis en examen en octobre.

 14/02/2007 06:52:45 – © 2007 AFP