Les 27 pays de l’Union européenne font un pas vers une politique énergétique commune

 
 
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Le ministre français de l’Industrie François Loos (g) et le ministre slovène de l’Economie Andrej Vizjak, le 15 février 2007 à Bruxelles lors d’une réunion sur l’énergie (Photo : John Thys)

[15/02/2007 17:40:03] BRUXELLES (AFP) Les 27 pays de l’Union européenne sont tombés d’accord jeudi sur les prémices d’une politique énergétique commune incluant un objectif d’utilisation des bio-carburants pour les véhicules d’ici 2020, mais écartant pour l’instant d’autres mesures contraignantes faute de consensus.

La Commission européenne avait dévoilé en janvier ce que pourraient être les bases d’une politique énergétique des 27, jugée incontournable au vu du réchauffement climatique et de la flambée des prix des hydrocarbures.

Les ministres de l’Energie venus jeudi à Bruxelles préparer le terrain du sommet européen des 8-9 mars, qui doit être largement consacré à l’énergie, ont fait un geste inattendu en s’imposant que la part des bio-carburants atteigne 10% des carburants consommés par les véhicules des Européens d’ici 2020, contre 2% en 2005.

Avec un bémol tout de même, puisqu’ils ont conditionné cet objectif contraignant à des améliorations techniques et commerciales des bio-carburants.

“Il n’y a jamais eu de mesure aussi forte, c’est une véritable percée pour la protection climatique”, a assuré le ministre allemand de l’Economie, Michael Glos, dont le pays préside l’UE jusqu’en juin.

Les ministres des 27 se sont toutefois montrés plus timorés sur la question des énergies renouvelables, qui devront représenter 20% de la consommation globale de l’UE en 2020, contre 7% actuellement.

La Commission européenne souhaitait que cet objectif soit également contraignant, une idée pour l’instant écartée par les pays membres.

“Nous continuerons à travailler sur le caractère contraignant de cet objectif de 20%”, a cependant prévenu le commissaire à l’Energie Andris Piebalgs, en présentant les conclusions de la réunion.

Avant la réunion de jeudi, l’Espagne, l’Italie, la Slovénie, le Danemark, la Suède ou encore l’Allemagne défendaient l’idée d’une quote-part obligatoire pour les renouvelables, tandis que la Grande-Bretagne, la France ou la Finlande y étaient opposées.

Les 27 ont écarté jeudi une autre proposition controversée pour scinder le “patrimoine” des producteurs d’énergie et des gestionnaires des réseaux de transport d’énergie. Même s’ils ont accepté l’objectif à atteindre d’un “fonctionnement indépendant” de la production et du transport d’énergie, afin de favoriser les investissements et l’entrée de nouveaux acteurs sur chaque marché national.

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Le ministre allemand de l’Economie, Michael Glos, le 15 février 2007 à Bruxelles (Photo : John Thys)

“Nous devons encore clarifier la définition d’une séparation patrimoniale, que certains Etats membres interprètent à tort comme une privatisation”, a expliqué pour sa part M. Piebalgs.

Il s’est néanmoins félicité que les pays européens aient adopté “l’objectif” d’une séparation “effective” de la production et du transport.

Dans certains pays de l’UE, les activités de production d’électricité (11 pays) ou de production de gaz (7 pays) sont déjà séparées des activités de distribution et de transport énergétiques.

La Grande-Bretagne, l’Espagne ou les Pays-Bas par exemple défendent cette séparation patrimoniale.

La France, hostile à toute idée d’imposer une séparation patrimoniale entre le producteur électrique EDF et sa filiale de transport d’énergie RTE, a noté qu’une dizaine de pays étaient allés dans son sens.

“Ce qui est important aujourd’hui dans les réseaux électriques et gaziers européens, c’est que les investissements nécessaires soient faits”, ce qui permettra l’arrivée “de nouveaux entrants” sur le marché, a souligné son ministre délégué à l’Industrie, François Loos.

Les objectifs plus généraux d’une réduction d’au moins 20% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020, de développement d’un mécanisme pour faire face aux crises énergétiques ou encore de négocier avec la Russie un accord énergétique, ont pour leur part été retenus sans débats.

La négociation avec la Russie, qui n’a pas encore commencé, “constituera une bonne occasion pour avoir un dialogue ouvert”, a souligné la présidence allemande.

 15/02/2007 17:40:03 – © 2007 AFP