Positionnement technologique, compétitivité et métier de l’ingénieur, c’est
le thème d’une table ronde organisée le 7 février 2007 à l’Ecole
polytechnique de Tunisie sous le patronage du ministère de l’Enseignement
supérieur et de la Recherche scientifique (NDLR : annoncé par WMC). Présidée par le Pr Tahar Abdessalem, la table
ronde a vu la participation active d’éminents universitaires, mais aussi bon
nombre de responsables d’entreprises industrielles telles que le Groupe
chimique tunisien et ST Microelectronics de Tunisie et de services à
l’instar de Attijari Bank, la SSII Archimed et le bureau d’études Sigma
Conseil.
L’ère nouvelle de l’économie, basée sur la connaissance, positionne
l’ingénieur aujourd’hui au cœur de la mutation que connaît l’entreprise
performante, celle qui crée, qui développe les savoir-faire, celle qui
anticipe sur les tendances des marchés, celle qui met le client au cœur de
tous les choix stratégiques, celle dont les performances ne sont plus liées,
désormais, à la taille ou la croissance de son capital physique ni à sa
force de travail.
Pour accompagner la tertiarisation de l’économie et le développent accru des
services au détriment de la production matérielle, l’organisation des
entreprises doit en effet évoluer vers un modèle de croissance qui favorise
la capitalisation et la gestion des connaissances en son sein avec un effort
accentué sur l’innovation et l’adaptation des produits et services à l’hyper-segmentation
des marchés. Cette démarche de marketing ciblé est la voie majeure pour
pénétrer les nouveaux marchés, de plus en plus mondialisés et sophistiqués.
Face à un nouvel environnement complexe, incertain et hautement
concurrentiel, l’entreprise qui veut rester compétitive doit mobiliser son
intelligence collective et manager sa connaissance. Le rôle de l’ingénieur
dans ce nouveau contexte est de passer de la phase classique de la
conception et l’optimisation des process (approche de travail individuelle
et spécialisée) à la phase de mise en commun des connaissances et la gestion
globale des projets (ingénieur généraliste polyvalent), pour aboutir à la
fin de son cycle de progression de carrière au statut de l’ingénieur
manager. La plus grande demande actuelle des entreprises vis-à-vis des
ingénieurs se situe dans leur faculté de gestion de projets et de
compétences en communication.
Par ailleurs, il n’est pas rare aujourd’hui de constater, à travers
l’expérience mondiale, de voir des ingénieurs diriger des banques, des
compagnies d’assurances ou encore des entreprises financières.
Présidant actuellement l’Association des Tunisiens des grandes écoles
françaises d’ingénieur et de commerce (ATUGE), on constate que plus de 50%
des ingénieurs de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées à Paris
professent des métiers d’économistes et de financiers.
C’est dire que
l’orientation actuelle du métier d’ingénieur est davantage dans la création
de la connaissance (Innovation), de sa gestion (knowledge management) et sa
mise en réseau (performance collective supérieure à la somme des
performances individuelles) pour plus de valeur ajoutée, plus de
compétitivité et donc plus de croissance.
Le jeune ingénieur tunisien a plus que jamais besoin de faire ses preuves au
sein de l’entreprise tunisienne, qu’elle soit dans les services ou dans
l’industrie, voire dans l’Administration. Cela lui permet notamment
d’accéder à toutes les étapes du développement de sa carrière, où il aura
alors le choix, in fine, de passer à l’acte de la création d’entreprise ou
de continuer à faire progresser le taux de valeur ajoutée des structures qui
lui font confiance.
Dans les deux cas, les entreprises et l’environnement économique local se
doivent de lui présenter un plan de carrière clair et des perspectives
d’évolutions adaptées à la mesure de son apport en termes de création de
richesse.