[15/02/2007 22:45:29] BUENOS AIRES (AFP) Le gouvernement de Buenos Aires a annoncé jeudi le chiffre de 8,5% de croissance pour 2006, quatrième année consécutive de forte expansion de l’économie argentine, tout en continuant à ignorer les voix qui s’élèvent pour le mettre en garde contre le risque de surchauffe. Ce chiffre marque pour la quatrième année consécutive une croissance du Produit intérieur brut (PIB) argentin supérieur à 8%, après la débâcle de 2002 quand le PIB avait reculé de 11,9%. Tout porte à croire, du reste, qu’il en sera quasiment de même en 2007, selon plusieurs économistes. Le gouvernement table officiellement sur une croissance cette année de 4,5% mais il se montre systématiquement prudent pour accroître ensuite ses marges de manoeuvre. Il avait ainsi retenu un chiffre équivalent en 2006. Cette activité qui ne se dément pas génère depuis 2005 de fortes tensions inflationnistes que le gouvernement a jusqu’à présent réussi à contenir grâce à des “accords” sur les prix passés avec les principaux acteurs. L’inflation, qui avait atteint 12,3% en 2005, a ainsi été ramenée à 9,8% en 2006 et le gouvernement s’est donné le même objectif en 2007. Il n’entend pas revenir sur cette politique d’encouragement à la croissance et de contrôle des prix, arguant du fait que 35% des Argentins vivent toujours sous le seuil de pauvreté. Ceux qui ont récemment évoqué les risques de surchauffe et de rechute ont été durement critiqués. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) et son directeur général Pascal Lamy ont ainsi exprimé des doutes sur la pérennité d’un tel modèle. “Les risques principaux que je vois proviennent d’une surchauffe de l’économie et d’une possible accélération de l’inflation”, a déclaré M. Lamy dans un entretien avec le quotidien La Nacion publié mardi. L’ancien commissaire européen au Commerce international a suggéré pour y remédier “prudence fiscale et monétaire”. “Attirer les capitaux pour faire face aux contraintes qui se font jour sur le plan de l’offre est également d’importance, mais il faut pour cela, entre autres choses, gagner la confiance des investisseurs”, a encore estimé l’OMC, dans un rapport publié lundi à Genève. L’Argentine est régulièrement accusée de ne pas offrir suffisamment de “sécurité juridique” et de conditions favorables aux investisseurs étrangers, notamment dans le domaine de l’énergie. Ces “leçons d’économie” n’ont guère été appréciées à Buenos Aires où les organisations internationales comme le FMI, l’OMC ou la Banque mondiale sont régulièrement vouées aux gémonies. “Il y a des déclarations de l’OMC jugeant nécessaire un changement de modèle (économique). Ce que nous allons faire, c’est approfondir ce modèle”, a déclaré mercredi le président argentin Nestor Kirchner dans un discours. “On voit bien que certains voudraient que ce processus de croissance, de justice et d’amour soit d’une certaine manière interrompu”, a ajouté M. Kirchner. Plusieurs voix ont appelé les autorités de Buenos Aires à préparer l’économie argentine à un atterrissage en douceur. Mais 2007 est une année électorale, avec le scrutin présidentiel en octobre, et rien ne devrait changer d’ici là dans la conduite des affaires économiques, ont estimé des économistes interrogés dans la presse argentine. |
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