Airbus : la tension monte avant l’annonce du plan de restructuration

 
 
SGE.TMT29.180207125927.photo00.quicklook.default-245x148.jpg
Louis Gallois, le 18 janvier 2007, devant l’Airbus A380 à Toulouse (Photo : Pascal Pavani)

[18/02/2007 12:59:51] PARIS (AFP) Airbus doit lever le voile mardi sur les grandes lignes d’un vaste plan de restructuration qui suscite l’inquiétude dans les rangs politiques et syndicaux tant en France qu’en Allemagne, où l’on craint ses conséquences sociales et industrielles.

Le comité européen d’Airbus, structure de concertation entre la direction du groupe et les organisations syndicales européennes, doit se réunir mardi matin pour prendre connaissance du plan.

Le PDG, Louis Gallois, devrait ensuite tenir une conférence de presse afin de livrer les premiers détails de “Power8”.

Ce plan vise à économiser 5 milliards d’euros d’ici à 2010 puis 2 milliards par an, afin de compenser les surcoûts liés aux retards de l’avion géant A380, ainsi que la faiblesse du dollar face à l’euro qui mine la compétitivité du constructeur.

Après en avoir annoncé les objectifs début octobre, la direction a pris quatre mois pour peaufiner les modalités de ce traitement de choc, qui prévoit suppressions d’emplois, éventuelles cession d’usines et réorganisation industrielle.

La CGT de la maison mère d’Airbus, EADS, a appelé les salariés du groupe à se mobiliser mardi, afin de dénoncer une “gigantesque réorganisation transnationale” qui “préoccupe fortement tous les salariés”.

SGE.TMT29.180207125927.photo01.quicklook.default-245x167.jpg
Des employés d’Airbus protestent devant une entreprise de la compagnie le 2 février 2007 à Hambourg (Photo : Roland Magunia)

La CFDT d’Airbus a adressé vendredi une liste de questions aux candidats à la présidentielle pour connaître leur position sur le dossier.

Le puissant syndicat allemand IG Metall et la fédération FO de la métallurgie ont prévenu qu’ils feraient front commun “afin d’éviter d’éventuelles fermetures de sites, cessions ou pertes d’emplois”.

Un mouvement social tomberait au plus mal pour l’avionneur, engagé dans une hausse de ses cadences de production pour honorer ses commandes et compenser le manque à gagner induit par les retards de l’A380.

Le dossier est politiquement sensible et la tâche délicate pour les dirigeants d’Airbus, un groupe où les intérêts industriels ont toujours dû composer avec les fiertés nationales.

A quelques semaines de l’élection présidentielle française, Louis Gallois a dû défendre son projet auprès de Paris et Berlin, qui exigent tous deux une répartition équilibrée des charges entre les pays.

L’Allemagne, qui craint de payer le plus lourd tribut à la restructuration, est déjà montée au créneau, le ministre de l’Economie conservateur, Michael Glos, indiquant qu’il ferait tout pour que les restructurations n’interviennent pas “au détriment des sites allemands”, avant de menacer de retirer des contrats de défense à EADS.

SGE.TMT29.180207125927.photo02.quicklook.default-245x232.jpg
Carte de localisation des centres de production en Europe (Photo : Annibal Maiz)

Airbus, qui emploie 56.000 personnes, a reconnu qu’il y aurait “des suppressions d’emplois”, via des “mesures d’âge” et une réduction de l’emploi intérimaire ou des contrats à durée déterminée.

Le constructeur compte économiser 30% sur ses frais de fonctionnement, et devrait ainsi resserrer les structures de direction de ses filiales nationales (France, Allemagne, Espagne et Grande-Bretagne), et tailler dans les fonctions administratives et financières.

La restructuration impliquera aussi un recours accru à la sous-traitance pour les tâches ne relevant pas du “coeur de métier” d’Airbus. De sources concordantes, le plan prévoit de ramener la part produite en interne de 65% à 50%.

Certains des 16 sites européens pourraient donc fermer ou être vendus, tout en héritant de contrats de longue durée avec l’avionneur.

“Power8” devrait enfin déboucher sur une nouvelle répartition des tâches entre le site d’assemblage de Toulouse et celui de Hambourg (nord de l’Allemagne). Airbus doit notamment se prononcer sur le partage du travail du nouveau long-courrier A350 et sur le lieu d’assemblage du successeur de l’A320.

 18/02/2007 12:59:51 – © 2007 AFP