[19/02/2007 20:01:55] PARIS (AFP) Airbus a dû reporter l’annonce prévue mardi d’un plan de restructuration crucial, faute de consensus des partenaires européens sur la répartition du programme de long-courrier A350, ce qui illustre les difficultés chroniques du groupe à dépasser les rivalités franco-allemandes. L’Allemagne, inquiète de payer le plus lourd tribut aux restructurations et de voir ses sept sites Airbus dépossédés des activités les plus technologiques, a salué à demi-mot ce report sine die. “Ce n’est pas une mauvaise chose”, a estimé lundi le ministre allemand de l’Economie, Michael Glos. “Il est important que les technologies de pointe continuent d’être représentées en Allemagne”. Dans la soirée, son homologue français Thierry Breton a “appelé tout le monde à la raison”, en réaffirmant que le plan Power8 devait être mis en oeuvre avec “équité”. Affirmant avec insistance qu’Airbus était “avant tout une entreprise”, il a estimé que “chacun” devait “contribuer non pas par rapport à sa nationalité mais par rapport à ce qui doit être fait”. “Dimanche soir, le conseil d’administration d’EADS”, la maison mère d’Airbus, “a interrompu ses travaux sur Power8”, faute d’accord sur “la répartition de la charge de travail entre pays sur l’A350 XWB”, avait auparavant annoncé l’avionneur.
Les administrateurs d’EADS se reverront “dans les prochains jours” pour tenter de déterminer les tâches qui reviendront à chacun des “pays Airbus” -France, Grande-Bretagne, Allemagne et Espagne- dans le cadre d’un projet de 10 milliards d’euros destiné à concurrencer le 787 de l’américain Boeing. Conséquence: le comité européen d’Airbus prévu mardi a été repoussé, alors que le constructeur s’apprêtait à dévoiler à ses 56.000 employés les grandes lignes d’une restructuration prévoyant réorganisation industrielle et suppressions d’emplois, jusqu’à 10.000 selon les estimations, en incluant les sous-traitants. Ce contretemps est un désaccord de plus entre actionnaires français et allemands d’EADS, détenteurs chacun de 22,5% du capital. Outre les craintes nationales pour l’emploi, le litige porterait sur la répartition prévue entre les 16 sites d’Airbus des technologies de pointe, notamment sur le choix des usines qui fabriqueront les panneaux en matériaux composites de la structure de l’A350, selon des sources concordantes.
Sortant de son habituelle réserve, le président d’Airbus Louis Gallois, qui planche depuis quatre mois sur “Power8”, n’a pas caché son irritation en exhortant à “trouver très rapidement une solution qui surmonte les clivages nationaux”. “J’ai fait des propositions que je juge équilibrées, tant sur le plan industriel que technologique et qui servent notre objectif de compétitivité économique”, a-t-il affirmé. “Airbus ne peut retarder plus longtemps la mise en oeuvre de Power8”, a-t-il conclu. Ce plan vise à économiser 5 milliards d’euros d’ici à 2010 puis 2 milliards par an, afin de compenser les surcoûts liés aux retards de l’avion géant A380, et la faiblesse du dollar face à l’euro. L’assemblage final de l’A350 à Toulouse serait acquis, tandis que la prochaine génération de monocouloirs A320 reviendrait au site allemand de Hambourg. A quelques semaines de l’élection présidentielle française, le président Jacques Chirac et la chancelière Angela Merkel ne devraient pas manquer d’évoquer le dossier Airbus vendredi lors d’une rencontre près de Berlin. Les représentants du personnel ont vivement regretté le report de l’annonce du plan. “On va encore laisser les salariés dans l’incertitude et c’est Airbus qui en pâtit”, a déploré le co-président français du comité européen Airbus, Jean-François Knepper. |
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