[19/02/2007 08:19:55] PHNOM PENH (AFP) Dans d’énormes nuages de poussière, des bulldozers ont entrepris des travaux de nivellement dans de vastes champs de riz de la province de Kampong Speu, au sud-ouest de Phnom Penh, où des panneaux géants annoncent la construction d’usines, de bureaux et de résidences. Cette zone autrefois aride symbolise la vague de développement économique perceptible depuis peu au Cambodge, pays d’Asie du Sud-Est ravagé par trois décennies de guerre et qui reste sous perfusion de la communauté internationale. La croissance économique a atteint environ 9% par an depuis l’an 2000, indiquent des analystes qui attribuent cet essor à un boom sans précédent de la construction, à une nette augmentation des exportations de vêtements et à un puissant décollage du tourisme dopé par l’arrivée de 1,7 million de visiteurs l’année dernière. “Dans l’ensemble, l’économie se porte bien”, dit John G. Nelmes, représentant du Fonds monétaire international (FMI) au Cambodge. La croissance en 2006 a été estimée entre 9,5 et 10,2% mais des économistes soulignent qu’à moyen terme, ces chiffres devraient retomber dans une fourchette de 6 à 8%. Ils ajoutent que si certains milieux d’affaires profitent de la conjoncture, quelque cinq millions de Cambodgiens (sur une population totale de 14 millions) vivent toujours dans une extrême pauvreté.
“Bonne gouvernance et lutte anticorruption sont essentielles pour maintenir une croissance économique élevée et de bonne qualité”, explique M. Nelmes. De son côté, Kek Galabru, présidente de l’ONG cambodgienne Licadho, souligne que le fossé n’a jamais été aussi grand “entre riches et pauvres” et que la majorité des Cambodgiens ne profite pas de la croissance actuelle. Certains experts mettent aussi en avant le caractère anarchique du développement qui se traduit par la vente souvent illégale de vastes terrains à des compagnies étrangères et le pillage assez répandu des ressources naturelles du pays. Cette nouvelle croissance ne concerne “que les plus riches”, affirme Sok Hach, directeur de l’Economic Institute of Cambodia. Les analystes s’accordent pour dire que le Cambodge doit également se diversifier, alors que l’économie repose essentiellement aujourd’hui sur deux secteurs (textile et tourisme). Les exportations de vêtements ont augmenté de 17% en 2006 pour s’établir à 2,5 milliards de dollars tandis que l’industrie du tourisme a injecté près de 1,4 milliard dans l’économie l’année dernière. Mais la situation demeure fragile dans le secteur textile, alors que le Cambodge se prépare à subir l’impact combiné de l’entrée du Vietnam au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et de la fin des quotas en 2008. Par ailleurs, l’agriculture, autre secteur-clef ayant contribué au chiffre record de croissance en 2005 (+13,4%), souffre sérieusement du manque d’infrastructure, précise M. Sok Hach en citant notamment l’absence de système d’irrigation. Cependant, soulignent des experts, une croissance à deux chiffres est possible si les récentes découvertes de pétrole et de gaz dans la partie cambodgienne du Golfe de Thaïlande confirment la présence d’importants gisements. Les géants étrangers du secteur pétrolier, notamment l’Américain Chevron, sont déjà dans les starting-blocks. |
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