EMI, en difficulté, intéresse à nouveau Warner Music

 
 
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Logo du N.3 mondial du disque EMI devant des locaux du groupe à Londres, le 12 janvier 2007 (Photo : Carl de Souza)

[20/02/2007 17:04:06] LONDRES (AFP) Le numéro trois mondial du disque EMI, dont les ventes pâtissent du numérique, est redevenu mardi la proie de l’américain Warner Music, qui s’est assuré du soutien des labels indépendants européens dans le but d’éviter un veto des autorités de la concurrence.

Les deux groupes avaient tenté mutuellement de se racheter l’an dernier pour environ 3,7 milliards d’euros, après déjà deux tentatives de rapprochement infructueuses en 2000 et 2003. Ils avaient abandonné leurs discussions en juillet après l’annulation du mariage Sony-BMG par la Cour européenne de justice, jugeant le climat peu proprice à l’union de deux majors contrôlant un quart du marché mondial de la musique à elles deux.

Mais Warner, numéro quatre mondial du secteur, est revenu à la charge le 24 janvier en approchant le groupe britannique. EMI a précisé toutefois mardi n’avoir encore “aucune proposition concrète à examiner” et que le lancement d’une offre d’achat formelle n’était donc pas certain.

Pour les analystes, tout va dépendre du verdict de la Commission européenne sur la fusion Sony-BMG, attendu d’ici le 1er mars après réexamen du dossier.

“Warner apparaît de plus en plus comme le partenaire naturel d’EMI, mais le lancement d’une OPA à ce stade serait très incertain du point de vue de la régulation, dans la mesure où le réexamen de la fusion Sony-BMG n’est pas achevé”, a jugé la maison de courtage Numis Securities dans une note.

Conscients des risques de veto, le groupe américain s’est assuré que le syndicat des labels indépendants européens Impala, qui s’était opposé à un mariage EMI-Warner en mai dernier au nom de la concurrence, soutiendrait cette fois le projet “devant la Commission européenne et toute autre autorité de régulation impliquée dans le marché de la musique”.

En contrepartie, Warner Music s’est engagé à céder des actifs et à soutenir financièrement, sans prendre de participation au capital, la plate-forme Merlin créée récemment par les labels indépendants pour gérer les droits musicaux sur les supports numériques.

Selon lui, l’accord trouvé avec Impala “renforce les chances de feu vert des régulateurs”. Le syndicat a été à l’origine de l’annulation de la fusion Sony-BMG par la CeJ et s’oppose actuellement au rapprochement d’Universal et BMG Publishing dans les droits d’auteurs.

Le regain d’intérêt de Warner pour EMI intervient alors que le groupe britannique, qui édite Gorillaz, Robbie Williams et Coldplay, a récemment fait part d’une chute de 15% de ses ventes.

Ses disques se sont mal écoulés à Noël, en particulier aux Etats-Unis, premier marché mondial du téléchargement selon la Fédération internationale de l’industrie phonographique. Comme les autres majors, EMI s’est converti aux nouveaux supports mais les revenus du numérique ne compensent pas encore le manque à gagner des disques.

Selon la presse, le groupe pourrait se séparer de sa division musique pour ne garder que sa branche Publishing, qui est rentable. Mais Warner souhaite racheter les deux. Cette perspective a fait gagner plus de 8% à l’action EMI mardi à la Bourse, pour une capitalisation de 1,9 milliard de livres (2,8 milliards d’euros), alors qu’elle avait perdu un tiers de sa valeur depuis juillet.

 20/02/2007 17:04:06 – © 2007 AFP