Appels mobiles depuis l’étranger : opérateurs et consommateurs se querellent avant une loi européenne

 
 
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La commissaire européenne aux Télécoms Viviane Reding, le 6 février 2007 à Bruxelles (Photo : Gérard Cerles)

[20/02/2007 15:22:54] BRUXELLES (AFP) A quatre mois d’un règlement européen plafonnant les tarifs de roaming (appels passés depuis l’étranger), consommateurs et opérateurs de téléphonie mobile s’affrontent à coup d’études, les unes affirmant que les prix sont “aberrants”, les autres qu’une réduction drastique déstabiliserait le secteur.

Il y a deux semaines, les opérateurs “révélaient” que les prix du roaming, facturés aux usagers lorsqu’ils téléphonent de l’étranger avec leur portable, avait chuté en moyenne de 25% en 2006, passant de 83 à 62 centimes d’euro la minute.

Selon la GSM Association, qui regroupe 700 opérateurs de téléphonie mobile dans le monde, cette baisse “substantielle” s’explique par “la série d’offres innovantes” lancées ces derniers mois.

Pour le Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc) autant que pour la Commission, on est pourtant encore loin du compte.

Depuis que la commissaire européenne aux Télécoms Viviane Reding a présenté son projet de règlement en juillet dernier, “il y a eu un certain mouvement” de la part des opérateurs, reconnaît son porte-parole, Martin Selmayr.

Cependant, nuance-t-il, cette baisse “n’est pas encore convaincante” et “les offres sont encore loin de ce que l’on souhaite”.

“Contrairement à ce que l’industrie prétend, il n’y a pas de preuve de diminution récente des frais de roaming payés par les consommateurs”, ont soutenu pour leur part le Beuc et son pendant français, UFC-Que Choisir, lors d’une conférence de presse tenue simultanément mardi à Paris et à Bruxelles.

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Selon une étude commandée par le Beuc, il serait anormal qu’un consommateur paie plus de 33 cents par minute pour un appel passé de l’étranger vers son pays d’origine. Le projet de règlement propose lui un plafond de 49 cents.

Le Beuc estime en effet entre “10 et 14 cents” le coût d’un tel appel pour l’opérateur et à un peu plus de 1 euro le coût facturé en moyenne aux consommateurs européens, soit un bénéfice moyen de 600%!

Pour un appel passé localement -par exemple, un touriste français à Athènes qui appelle un taxi- le Beuc souhaiterait un prix maximum de 25 cents (contre 33 pour la Commission) et de 16 cents pour un appel entrant.

Les opérateurs promeuvent des offres d’accroche ou des forfaits “orientées vers des profils de consommateurs et des circonstances très spécifiques”, qui servent “simplement à faire illusion”, dénoncent-elles.

Les opérateurs eux répliquent que ces offres “ne sont pas plus complexes que celles proposées au niveau national”.

Ainsi, relève le Beuc, l’offre Passeport de Vodafone, lancée à grand bruit en France, au Royaume-Uni et en Allemagne, rend les appels courts encore plus onéreux qu’un tarif normal! En France par exemple, c’est seulement après trois minutes qu’il devient plus intéressant d’utiliser ce forfait.

Plus encore, les 40 unions de consommateurs accusent la GSM Association “d’exercer un chantage économique sur les parlementaires pour faire capoter le projet de règlement de la Commission”.

Les opérateurs plaident auprès des eurodéputés que de telles réductions brideraient “leur capacité à investir dans de nouveaux services et les infrastructures”, fragilisant ainsi leur compétitivité.

Le texte est actuellement en discussion au Parlement et devant les Etats membres, qui espèrent l’adopter en juin, pour une entrée en vigueur dès les vacances d’été.

Afin de sensibiliser les eurodéputés, l’UFC-Que Choisir a calculé, à partir des factures GSM de 29 d’entre eux, qu’ils pourraient économiser chacun entre 277 et 3.760 euros par an avec une diminution des frais de roaming.

 20/02/2007 15:22:54 – © 2007 AFP