[21/02/2007 12:00:20] PARIS (AFP) L’inflation est tombée à 1,2% en France en janvier sous l’effet des soldes et du recul des prix de l’énergie, affaiblissant les arguments de la Banque centrale européenne en faveur d’une prochaine hausse des taux, selon des économistes. Les prix ont reculé de 0,3% en janvier par rapport à décembre, ramenant l’inflation en rythme annuel à 1,2% contre 1,5% le mois précédent. Une telle baisse n’a rien d’étonnant en période de soldes mais elle a été plus marquée que l’an dernier: les prix de l’habillement et des chaussures ont ainsi diminué de 7,2%, en glissement mensuel, contre 6,6% en janvier 2006. “Du fait de températures clémentes à l’automne et au début de l’hiver, les taux de promotions et les proportions de produits soldés sont supérieurs” à ceux de l’hiver dernier, explique l’Insee. Autre explication à la baisse de janvier: le reflux des prix énergétiques (-0,7% par rapport à décembre), qui se traduit dans les prix des combustibles (-4,9%) et des carburants (-0,5% en janvier et -3,6% sur un an). “On voit bien que le reflux des cours du pétrole (-15% en un an) est assez nettement répercuté sur les prix à la pompe”, sachant qu’une grande partie du prix des carburants est constitué de taxes, estime Nicolas Bouzou, du cabinet d’études sectorielles Asterès. Enfin, “les prix de l’alimentation ont moins augmenté que d’habitude en janvier: +0,3% par rapport à décembre contre +0,7% en moyenne sur les 10 dernières années”, souligne Mathieu Kaiser, de BNP Paribas. Il reste cependant des “poches” d’inflation, note Alexander Law, du cabinet Xerfi, qui cite la hausse des loyers de 3,1% sur un an. Les prix des services, sur la même période, ont progressé de 2,8%: pour Nicolas Bouzou, “il faut y voir la faiblesse de la concurrence dans certains secteurs” comme les services de santé, le grand commerce, la poste, l’hôtellerie. Pour la plupart des économistes, ces hausses sectorielles ne devraient pas infléchir la tendance à moyen terme, qui reste à la modération des prix. “L’inflation passera sous 1% dès le mois d’avril”, pronostique Marc Touati (Association pour la connaissance et le dynamisme économique). Une perspective qu’il ne trouve pas réjouissante car elle est pour lui le signe d’une déflation, à l’image de ce qu’on observe déjà dans le secteur des biens manufacturés. Contraintes à s’aligner face à la concurrence des biens importés, les entreprises “n’ont d’autre choix que de réduire leurs coûts par tous les moyens”, gains de productivité ou délocalisations, ce qui est défavorable à l’emploi, explique-t-il. M. Law, au contraire, voit dans cette faible inflation “une excellente nouvelle, puisqu’elle constitue le plus solide soutien au pouvoir d’achat des ménages”. La France est bien en-dessous du taux d’inflation en zone euro qui, à 1,9% en janvier, reste d’ailleurs sous le seuil d’alerte de la Banque centrale européenne, fixé à 2%. “Au regard de ces chiffres, le principal point d’interrogation porte aujourd’hui sur le comportement de la BCE car si l’inflation continue de reculer en France comme dans l’ensemble de la zone euro, on voit mal comment l’institution de Francfort va pouvoir justifier le fait d’augmenter ses taux directeurs” lors de sa réunion du 8 mars, s’interroge M. Bouzou. “Comment, avec une inflation inférieure à 2%, la BCE peut-elle justifier de nouveaux resserrements monétaires? Il n’existe aucune réponse rationnelle”, renchérit M. Touati. Une hausse des taux le 8 mars ne fait pourtant guère de doute, la BCE ayant indiqué le 15 février qu'”une grande vigilance continue à s’imposer” pour assurer la stabilité des prix. |
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