[21/02/2007 11:18:26] TOKYO (AFP) La Banque du Japon a relevé mercredi son taux directeur d’un quart de point à 0,5%, son plus haut niveau depuis 1998, jugeant que la vigueur retrouvée de la croissance économique et les perspectives d’inflation justifiaient un resserrement monétaire. Le comité de politique monétaire a pris cette décision par huit voix contre une. Le seul opposant a été le gouverneur adjoint Kazumasa Iwata, farouche partisan de l’orthodoxie monétaire, connu pour son hostilité à toute hausse des taux tant que l’inflation ne constitue pas une véritable menace. Il s’agit de la première hausse du loyer de l’argent au Japon depuis le 14 juillet, date à laquelle la Banque du Japon avait aboli la politique de taux zéro qu’elle pratiquait depuis 2001 et relevé son taux directeur à 0,25%. C’est par ailleurs la première fois depuis 1998 que le gouverneur de la banque centrale et ses deux adjoints ne votent pas en bloc. “Notre économie devrait poursuivre son expansion modérée, un cercle vertueux de production, de revenus et de dépenses étant en place”, a expliqué la Banque. “Dans une perspective à long terme (…), les prix à la consommation vont probablement suivre une tendance à la hausse”, a-t-elle pronostiqué, sans écarter cependant un taux d’inflation “proche de zéro” sur le court terme. “Nous avons jugé approprié d’ajuster le niveau du taux de façon à maintenir la trajectoire souhaitée pour l’activité économique et les prix”, a commenté le gouverneur de la BoJ, Toshihiko Fukui, lors d’une conférence de presse. “Si on avait maintenu les taux d’intérêt sans tenir compte de l’activité économique et des prix, la croissance économique aurait pu être mise en danger par une mauvaise distribution de fonds résultant d’une activité économique et financière excessive”, a-t-il plaidé.
Ce resserrement monétaire intervient après la publication de bons chiffres sur la croissance économique au Japon au quatrième trimestre 2006 (+4,8% en rythme annuel), qui ont confirmé un rebond de la consommation des ménages et le dynamisme persistant des investissements des entreprises. L’inflation, en revanche, reste extrêmement faible (+0,1% en décembre). Elle pourrait même “être proche de zéro sur le court terme, principalement en raison de la chute des prix du pétrole brut”, a d’ailleurs averti la Banque du Japon mercredi dans son rapport mensuel. Ces risques déflationnistes auraient dû, en théorie, dissuader la banque centrale de toute hausse du loyer de l’argent. A plus forte raison dans un pays ayant subi plus de sept ans de déflation, entre l’été 1998 et la fin 2005. Cependant, “les effets de la politique monétaire mettent environ un an pour se faire sentir sur l’économie réelle”, rappelle Takuji Aida, économiste chez Barclays Capital. Selon M. Aida, “si l’on se fonde sur le fait que la politique monétaire de la Banque du Japon se veut tournée vers l’avenir, la décision d’augmenter les taux en février est cohérente”. A sa précédente réunion, en janvier, le comité de la banque centrale avait décidé par 6 voix contre 3 de garder le taux directeur à 0,25%, sur fond d’intenses pressions gouvernementales pour qu’elle maintienne le statu quo. Elle avait par la suite été accusée de s’être prosternée devant le pouvoir politique, dont elle est théoriquement indépendante depuis 1998. “Une incapacité à relever les taux aurait miné la crédibilité de la Banque du Japon et de son gouverneur Toshihiko Fukui auprès des marchés”, a analysé Shinichi Ishikawa, économiste au Credit Suisse pour qui “la décision de relever les taux est le résultat de considérations politiques, et non purement monétaires”. Le Premier ministre nippon Shinzo Abe s’est félicité de la décision. “La Banque du Japon a analysé de façon responsable et correcte le niveau actuel des prix, les tendances économiques et les risques. La politique monétaire est exclusivement contrôlée par la Banque du Japon”, a-t-il dit. |
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