[21/02/2007 18:07:04] PARIS (AFP) A l’heure où les états-majors des principaux candidats à la présidentielle sont en pleine polémique sur le coût de leurs programmes respectifs, des économistes les appellent à sortir de la querelle des chiffres et à dévoiler leur vision de la politique économique à mener. Xavier Timbeau, prévisionniste à l’Observatoire français de conjoncture économique (OFCE), a annoncé mercredi à l’AFP qu’il publierait jeudi un manifeste, cosigné par le directeur de l’OFCE Jean-Paul Fitoussi, pour dire en substance qu’il faut “faire attention aux chiffrages”, sur le site www.ofce.sciences-po.fr/. Pour M. Timbeau, “la méthode qui consiste à dire: regardons ce que les candidats proposent, faisons l’addition et concluons que le meilleur candidat est celui qui en propose le moins, est une méthode singulièrement réductrice pour le débat de politique économique”. “C’est comme un entrepreneur qui ne regarderait que le coût des investissements qu’il réalise et pas la rentabilité qu’il peut en espérer”, selon M. Timbeau. Il estime qu'”il faut au contraire largement ouvrir le débat, car on n’est pas en train d’élaborer un budget”. Cette prise de position survient sur fond de bataille de chiffres entre les équipes des deux principaux candidats, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, chacune accusant l’autre de minimiser le coût des mesures annoncées. Mercredi, le parti socialiste a tenu une conférence de presse consacrée au coût du pacte présidentiel de Mme Royal, qu’il estime à 35 milliards d’euros. Un peu plus tôt, l’UMP avait chiffré le programme de Nicolas Sarkozy à 31,7 milliards d’euros. Or, selon les dernières évaluations de l’Institut de l’entreprise, présidé par le président de BNP Paribas, Michel Pébereau (auteur il y a un peu plus d’un an d’un rapport très remarqué sur la dette publique), les mesures annoncées par Mme Royal coûteraient 64 milliards d’euros, celles de Nicolas Sarkozy 50 milliards. Ce que fait l’Institut de l’entreprise “est très informatif” et le travail de sa cellule de chiffrage “est fait très correctement et très honnêtement”, estime M. Timbeau, mais, selon lui, “cela occulte le vrai débat qui est: quelles sont les conséquences économiques des choix de société qu’on nous propose”. Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes et membre du Conseil d’analyse économique placé auprès du Premier ministre, estime que le chiffrage des mesures est “normal”. Mais, selon lui, la manière dont les calculs sont faits par les partis “est extrêmement critiquable” car “on prédétermine le taux de croissance, ce qui pose un problème puisqu’on ne sait pas quel sera l’impact des mesures sur ce taux de croissance”. Le PS a bâti ses hypothèses sur une croissance de 2,5% par an, l’UMP de 2,25% Plus profondément, estime l’économiste, “mettre en avant des chiffrages de mesures, qui elles-mêmes sont mises en cause, c’est une manière de dévaloriser le débat de politique économique”. Selon lui, “il faut d’abord démarrer par un diagnostic assez clair de la situation économique française” et “avoir une chronologie, comme l’a fait (la chancelière allemande Angela) Merkel, et à partir de ce moment-là bâtir point par point une politique économique, ce qu’on appelle une stratégie”. “Ce qui manque aujourd’hui, c’est une vraie vision”, regrette M. Lorenzi. Il se dit “optimiste de tempérament “et “convaincu que le véritable débat de stratégie économique va se lancer” dans les deux mois qui restent avant la présidentielle. |
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