Quand la vidéo fait son cinéma

 
 

cinema210207.jpgUn chiffre curieux
circule depuis que notre cinéma commence à pointer à l’horizon et à sortir
des petits chef-d’œuvres qui font l’unanimité ou presque : il paraît qu’en
Tunisie, il y aurait 70.000 clubs vidéos dont la moitié serait sur le Grand
Tunis. Un calcul rapide montre que sur cette région, qui compte 2 millions
d’habitants–, cela ferait un club vidéo pour 15 familles au maximum … Cela
relève de l’aberration surtout si on rentre dans le détail du coût du
fonctionnement d’un club vidéo et du nombre minimum de DVD que doit
visionner chacun par jour pour que cette activité reste rentable … 

En supposant que ce
chiffre ne soit pas inexact, comment se pose le problème alors, car ces
derniers temps il est pratiquement interdit de vendre des DVD tunisiens,
rien n’est écrit mais cela a circulé et si KAHLOUCHA ou Making off est sur
les étalages, le club DVD devient DCD…. ? 

Ah, que c’est chouette de
découvrir la propriété intellectuelle, car comme dirait ma grand-mère, ne
sent les charbons ardents que celui qui marche dessus. Regardez, copiez
Blood Diammond, casino royal, etc., ce n’est pas notre problème, mais nos
films c’est notre problème ! Il faut BIEN encourager la production
tunisienne. 

Evidemment comme
d’habitude, je ne suis pas tellement d’accord avec cette approche ; d’abord
dans le meilleur des cas, un film tunisien ne pourra jamais dépasser les
100.000 spectateurs, kahloucha qui fait l’unanimité en est péniblement à
45.000. Le problème n’est lié ni à la qualité ni au spectateur, c’est la
capacité maximale du marché 100.000 spectateurs –je veux bien qu’on me
contredise– et avec ce chiffre, on ne peut aller très loin. 

Il suffit de voir autour
de soi dans les grands pays producteurs de cinéma, soit occidentaux, soit
asiatiques, soit arabes, il y a et il y aura –sauf peut-être aux USA qui est
un continent et le cinéma est traité comme une industrie– toujours une
asymptote quant au nombre de spectateurs ; évidement, il y aura des
exceptions –Astérix et Cléopâtre avec le sympathique Jamel a fait 14
millions de spectateurs en France– Indigène a fait 3 millions et c’est un
très bon score …  

Donc pour sauver le
cinéma, le passage par la vidéo et le cinéma à domicile devient nécessaire,
et au lieu de bloquer la diffusion des cassettes pirates, faisons-les
fabriquer et distribuer par des circuits légaux qui pourront y intégrer
d’autres composantes éducatives et publicitaires avec des prix adaptés aux
conditions économiques tunisiennes ; je crois que chacun y gagnera ; je
pense que si demain je trouve dans un supermarché ou dans une vidéothèque
-qui, si les chiffres sont exacts concernant ce secteur représentent plus de
100.000 emplois directs et indirects- un CD de KAHLOUCHA ou de VISA ou de
NOURI BOUZID pour un prix compris entre 5 et 10 T et que dans ce prix
l’équivalent de la TVA soit affecté à un fonds de développement du cinéma
national, je l’achèterai sans hésiter et je pense que je ne suis pas la
seule et j’aurai contribué d’une certaine manière au développement de notre
cinéma. Qu’en pensez-vous chers lecteurs ?