[22/02/2007 16:03:14] PARIS (AFP) Les frites deviennent un produit de luxe… ou presque, avec le doublement en un an des prix de la pomme de terre, une envolée reflétant les mauvaises récoltes du tubercule l’été dernier en Europe et le fort appétit des Chinois pour les frites et les chips. A la Bourse belge de la pomme de terre, la tonne de “bintjes”, variété courante la plus cultivée en Belgique (60%), valait il y a quelques jours 300 euros, soit le double du prix affiché un an plus tôt. En 2003, année de surproduction, la patate valait dix fois moins. Selon les professionnels, la hausse n’est pas terminée: la tonne de pommes de terre pour livraison en avril est négociée à 361 euros sur le marché à terme d’Hanovre (Allemagne). Un mois de juillet caniculaire suivi d’un coup de froid en août ont endommagé les récoltes dans les principaux pays producteurs européens. Selon le Comité national interprofessionnel de la pomme de terre (CNIPT), la récolte pour la campagne 2005-2006 aurait baissé de 21% en Allemagne, 16,4% en Belgique et 16% aux Pays-Bas. En France la production aurait été inférieure de 8% et en Grande-Bretagne de 6,6%. Globalement, l’Europe des 25 aurait récolté autour de 60,5 millions de tonnes, en repli de 8% par rapport à 2004-2005, soit le plus faible volume enregistré depuis cinq ans. Et ce malgré un doublement durant cette période de la production polonaise (11 millions de tonnes), relèvent les experts de Cyclope dans leur dernier rapport annuel des matières premières. La situation n’a guère été plus brillante aux Etats-Unis comme au Canada, pays dont la moitié des pommes de terre sont transformées en frites. En 2005, la production mondiale (150 pays) de pommes de terre, quatrième culture après le riz, le blé et le maïs, atteignait 322 millions de tonnes, dont 74 millions revenaient à la Chine, premier producteur mondial du tubercule.
Malgré cette position dominante, la Chine ne parvient toutefois pas à rassasier ses sujets qui ont goûté aux frites et chips surgelés qu’ils apprécient dans les fast-foods des grandes chaînes américaines. Et malgré une augmentation récente de 50% des terres cultivées en pommes de terre, elle est contrainte d’importer 70% de sa consommation de produits transformés (frites et chips). Les Etats-Unis lui fournissent 80% de ce quota, précise Cyclope. Avec l’amélioration du niveau de vie, l’offre de nouveaux produits alimentaires et les préoccupations de santé, les Occidentaux avaient banni la patate de leurs assiettes. Selon l’Insee, chaque Français avalait en 1960 près de 100 kilos de pommes de terre par an, une consommation ramenée à 61 kilos en 1990. Mais depuis quelques années, avec l’offre de nouvelles variétés “primeurs”, la consommation est remontée à 69 kilos. Préoccupés par le comportement en dents de scie des amateurs de pommes de terre, les acteurs de la filière proposent depuis quelques années de nouvelles variétés – amandine, charlotte – à des taux de glucides inférieurs à ceux des des bintjes, monna Lisa et autres roseval. La France, premier pays exportateur européen de pommes de terre vers l’Espagne et l’Italie pour la “primeur” – à opposer à la pomme de conservation – récolte en moyenne 4,5 millions de tonnes par an. A cela, il faut ajouter 400 à 500.000 tonnes arrachées dans les jardins familiaux. Les industries françaises de la transformation utilisent près de 1,2 million de tonnes, dont les deux tiers pour la fabrication de frites surgelées et de purées en flocons, selon le CNIPT. |
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