[22/02/2007 18:11:46] WASHINGTON (AFP) Arianespace a de grands espoirs sur le marché américain des satellites, porté par la télévision haute définition et les téléphones de nouvelle génération, mais la part du lion, à savoir les contrats gouvernementaux, lui échappent, explique son directeur général. “On sent une dynamique très forte, ici, qui est alimentée par la télévision haute définition”, a déclaré à l’AFP le patron du lanceur européen, Jean-Yves Le Gall, au dernier jour de “Satellite 2007”, le plus grand salon du secteur, organisé à Washington. Un canal haute définition occupe la place de quatre chaînes de télévision traditionnelles, a-t-il expliqué, augmentant les besoins de transmission par satellite. Autre facteur de croissance, particulièrement sensible aux Etats-Unis, les téléphones de nouvelle génération, sur le modèle du futur iPhone d’Apple, amenés, à terme, à offrir des services d’internet à haut débit et de télévision en continu, a-t-il souligné. “D’ici quelques années, tous les gens auront un petit terminal personnel”, a estimé M. Le Gall. Le plein effet de ces évolutions sur l’activité d’Arianespace se fera sentir “dans deux ou trois ans”, a-t-il ajouté, et il sera plus net sur le marché américain qu’ailleurs. Les Etats-Unis représentent aujourd’hui, comme l’Asie et l’Europe, un tiers de l’activité d’Arianespace qui doit annoncer pour 2006 un chiffre d’affaires d’environ 985 millions d’euros et “quelques millions d’euros de résultat net positif”, selon son dirigeant. Mais le marché américain croît plus vite parce qu’y convergent “les applications nouvelles et les capitaux pour les financer”, a-t-il expliqué, alors que l’Asie manque de financement et l’Europe est “à la traîne” sur les deux plans. Dans cette bataille, Arianespace pense bénéficier de l’affaiblissement de son principal concurrent, l’américain International Launch Services (ILS), qui exploite le lanceur russe Proton. Les cadences de lancements d’ILS ont ralenti au cours des dernières années et l’un de ses actionnaires de référence, Lockheed Martin, s’est désengagé en 2006, privant le lanceur de ses fusées Atlas.
L’optimisme d’Arianespace ne doit pas éclipser le fait que la part du lion du marché américain, à savoir les contrats gouvernementaux, lui échappent totalement, en vertu du “Buy American Act” qui interdit le recours à des lanceurs étrangers. “Nous sommes totalement en dehors de ce marché”, pour beaucoup militaire, qui représente 10 à 12 lancements par an, et est préempté par Lockheed Martin (lanceur Atlas) et Boeing (lanceur Delta), a reconnu M. Le Gall. Les programmes gouvernementaux représentent environ 70% du plan de charge des lanceurs américains -qui y réalisent l’essentiel de leurs profits- contre 10% seulement pour les Européens. “Le département de la Défense paie très chers les lancements gouvernementaux”, a souligné M. Le Gall. Lockheed et Boeing ont d’ailleurs créé fin 2006 une société commune, United Launch Alliance (ULA), pour produire et lancer leurs fusées, et officiellement réduire les coûts du gouvernement. Cette initiative pourrait avoir un effet boomerang sur le marché civil et rendre la compétition plus âpre, craint M. Le Gall. “Exploiter trois lanceurs (Delta 2, Delta 4 et Atlas 5, ndlr) de concert, c’est extrêmement difficile” pour les deux industriels: “la conséquence à moyen terme c’est qu’ils vont rationaliser”, et probablement aboutir à une famille de lanceurs unique, aux coûts réduits, qui reviendra sur le marché commercial. Si “dans cinq ou six ans, il n’y a que le Delta 4 dans différentes versions, j’achète”, a conclu M. Le Gall, en se mettant à la place de ses clients. |
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