[23/02/2007 12:51:27] PARIS (AFP) Le géant de l’acier Arcelor Mittal veut faire de l’Afrique de l’ouest un “pôle majeur” pour ses approvisionnements en fer, en investissant au Sénégal et au Liberia, afin de réduire sa dépendance vis-à-vis des puissants groupes miniers alors que les prix continuent d’exploser. Le numéro un mondial du secteur, issu du rachat en juin de l’européen Arcelor par Mittal Steel, le groupe de l’indien Lakshmi Mittal, a annoncé vendredi qu’il allait investir 2,2 milliards de dollars au Sénégal pour développer une mine dans la région de Faleme (sud-est), construire un port près de Dakar et rénover 750 km de voies ferrées pour relier mine et port. Le groupe envisage également d’investir à terme dans des installations sidérurgiques au Sénégal et de faire du pays son avant-poste pour conquérir “les marchés en essor de l’Afrique Occidentale”. L’annonce du groupe intervient au moment où le Sénégal s’est lancé dans des projets de constructions d’infrastructures tous azimuts dont le président sortant Abdoulaye Wade, qui a promis de construire une nouvelle capitale à une centaine de kilomètres de Dakar et un nouvel aéroport, fait un argument de campagne en vue de sa réélection. La mine doit produire de 15 à 25 millions de tonnes par an, à partir de 2011. Les réserves totales de minerai estimées s’élèvent à 750 millions de tonnes, selon le groupe. La nouvelle de l’arrivée d’Arcelor Mittal au Sénégal fait suite à celle de son implantation au Liberia, deux investissements visant à faire de l’Afrique de l’ouest le “pôle majeur” du groupe pour s’approvisionner en fer. Il avait en effet déjà signé un accord en 2005 avec le Liberia pour avoir accès à ses ressources en fer. Mais ce contrat décrié par l’organisation non gouvernementale Global Witness qui l’accusait d’être trop avantageux pour le groupe, créant selon elle “un Etat dans l’Etat”, avait du être renégocié sous la pression de la présidente Ellen Johnson Sirleaf. Mme Sirleaf s’était engagée après son élection en novembre 2005 à renégocier plus avantageusement les contrats signés par l’ancien gouvernement, réputé corrompu. Au Liberia, l’investissement d’Arcelor Mittal s’élève à un milliard de dollars et permettra au groupe d’avoir accès durant 25 ans à un milliard de mètres cubes de minerai dans l’ouest du pays. En mettant la main sur ces réserves sénégalaises après celles du Liberia, Arcelor Mittal pourra alimenter ses sites, notamment en Europe, avec du minerai peu cher et réduire ainsi sa dépendance vis-à vis des groupes miniers, très puissants et plus à même de peser sur les prix que les sidérurgistes. Depuis plusieurs années, les prix du fer, matière première indispensable à la production d’acier avec le charbon, explosent littéralement sur les marchés internationaux, poussés notamment par la demande d’acier des pays émergents, Chine en tête. Aux termes d’un accord signé fin 2006, les prix du fer vont augmenter de 9,5% en 2007, après 19% en 2006 et 71,5% en 2005. Les sidérurgistes cherchent donc à se doter de leurs propres mines, ce qui a motivé en partie le rapprochement Tata-Corus, l’indien disposant de ressources en fer. Arcelor Mittal entend de son côté être autosuffisant en fer à 64% en 2010. |
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