En France, la contestation monte contre les fonds d’investissement

 
 
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Des affiches collées à l’entrée du site Dim où des salariés manifestent afin d’obtenir un véritable plan social, le 7 décembre 2006 à Autun (Photo : Bruno Ferrandez)

[26/02/2007 18:30:47] PARIS (AFP) Alors que la plus importante acquisition par des fonds d’investissement est en passe de se réaliser aux Etats-Unis, la contestation monte en France contre ces fonds qui “videraient de leur substance” les entreprises, selon le collectif LBO créé il y a un an.

Le “Leverage buy out” (LBO) ou rachat des actions d’une entreprise, financé par une très large part d’endettement, est au centre des critiques. “Les exigences de rentabilité à court terme priment. Elles pèsent sur les salariés et l’avenir des entreprises”, assène Philippe Matzkowski, fondateur du collectif, lié au syndicat CGT.

Cet ingénieur de 37 ans, surnommé le “zorro anti LBO” dans un article de presse récent, a multiplié les actions de protestation contre les “méfaits” de la financiarisation de l’industrie ces derniers mois.

Ses craintes sont partagées par le principal syndicat de cadres, la CFE-CGC, selon lequel “le remboursement des échéances de la dette (…) conduit trop souvent à un étranglement financier” qui fait courir un “risque mortel” aux entreprises concernées.

“Faux”, rétorque David Thesmar, professeur d’économie à HEC, co-auteur du “Grand méchant marché: décryptage d’un fantasme français”: “Les études montrent que la masse salariale n’est pas réduite. Sauf dans les entreprises dont la pérennité est en jeu, alors les fonds accomplissent le sale boulot”, avance-t-il.

En France, quelques 1.600 entreprises seraient sous LBO aujourd’hui, parmi lesquelles PagesJaunes, Dim, Arena.., souligne Philippe Matzkowski.

Il dit avoir été lui-même victime des effets pervers des fonds d’investissement chez Eurofarad, une PME fabriquant des composants électroniques, dont il a été licencié. “Mes droits syndicaux ont été remis en cause” dit-il.

Son collectif rassemble des syndicalistes de tous bords, employés par une centaine d'”entreprises touchées par la grâce des requins de la finance”, ainsi que des universitaires, pour certains proches du mouvement altermondialiste Attac.

Il tente d’appuyer les salariés en amont et en aval des LBO. “Ainsi lors du rachat du Printemps, nous avons regardé avec les salariés le plan des repreneurs”, dit-il.

“Nous nous mobilisons aussi quand des boîtes stratégiques, comme TDF (Télédiffusion de France) ou Alkan (armement), sont repris par des fonds étrangers”, souligne M. Matzkowski, qui vient de faire réaliser un film documentaire sur sa cause.

Le collectif LBO n’en reste pas à la dénonciation: “il serait possible de réguler ces fonds par la fiscalité et par un encadrement juridique. Il faudrait aussi revoir le rôle de l’Etat et des banques dans le financement des sociétés, et favoriser les reprises par les salariés eux-mêmes”, suggère M. Matzkowski.

Il compte interpeller les candidats à l’élection présidentielle. “Les politiques semblent mal à l’aise, le Parti Socialiste (PS) a notamment aidé la libéralisation des capitaux”, pointe-t-il.

A la suite de plusieurs manifestations, et d’une demande d’élus communistes, l’Assemblée nationale doit conduire au début de la prochaine législature une mission d’information sur les fonds d’investissement.

Face aux attaques, l’AFIC (l’Association Française des Investisseurs en Capital), a souligné fin 2006 que les PME financées par les acteurs du capital-investissement, emploient en France, 9% des effectifs du secteur privé, soit, pour la première fois, autant que les grands groupes du CAC 40.

 26/02/2007 18:30:47 – © 2007 AFP