[27/02/2007 16:42:24] WASHINGTON (AFP) Les prêts immobiliers à haut risque, qui ont fait miroiter le rêve de l’accession à la propriété à un public de moins en moins solvable aux Etats-Unis, pourraient avoir un douloureux effet boomerang. Certains économistes n’hésitent pas à affirmer que ce type de prêt représente aujourd’hui “le plus grand risque pour les marchés financiers”, selon une étude publiée lundi. La menace dépasserait celle posée par les hedge funds, ces fonds très spéculatifs dont les méthodes opaques suscitent de plus en plus de réserves dans le monde, selon ce sondage de l’association des économistes d’entreprise (NABE). Autre signe de la prise de conscience, le géant du refinancement hypothécaire Freddie Mac a annoncé mardi un durcissement des normes sur ces prêts, visant par exemple à limiter les crédits consentis avec peu de renseignements sur les emprunteurs. Au coeur du problème se trouvent les prêts hypothécaires “exotiques”, qui ont permis à un public de plus en plus large de s’acheter un logement. En étant de moins en moins regardante sur le profil de l’emprunteur et en multipliant les montages acrobatiques –prêt à taux variable, à remboursement différé du capital– les banques ont pu prêter jusqu’à 110% du montant de l’acquisition. L’aspect positif est que toute une partie de la population, exclue du crédit pour cause de mauvais dossier ou d’apport insuffisant, a pu sauter dans le train de l’immobilier. Tant que les prix des logements augmentaient de 10% par an et que les taux d’intérêt restaient très bas, le système fonctionnait. Mais, aujourd’hui, le marché stagne et la banque centrale a remonté drastiquement ses taux, pour les passer de 1% à 5,25% en deux ans. De nombreux ménages se retrouvent étranglés avec un crédit dont les mensualités ont augmenté de plusieurs centaines de dollars. Ils sont le plus souvent issus de minorités: 50% des prêts consentis aux Noirs sont des prêts risqués, selon le Centre pour des prêts responsables. Le Centre, pour qui les pratiques imprudentes des banques ont préparé “la plus grave crise de défaut de paiement de l’histoire moderne”, estime que 2,2 millions de foyers américains vont perdre leur logement. Mais il n’y a pas que les ménages fragilisés qui souffrent. Les banques spécialisées dans ce type de marché accusent lourdement le contre-coup, et pas une semaine ne passe sans qu’une entreprise du secteur annonce de nouveaux déboires. Le 13 février, la banque ResMae Mortgage, spécialisée dans les créanciers qui ne sont plus solvables, s’est mise en faillite. La semaine dernière, la société NovaStar a vu le cours de ses actions chuter de 42% après l’annonce d’une énorme perte au dernier trimestre 2006. Et ce n’est que le début, estiment les analystes. “Le marché des prêts risqués pourrait continuer de s’affaiblir”, affirmait l’association des banquiers hypothécaires (MBA) dans une étude publiée en début de mois. Toute la question est de savoir dans quelle mesure cela aura des répercussions sur le reste de l’économie. Les analystes s’accordent à dire que cela éloigne la perspective d’une reprise sur le marché immobilier résidentiel. Le durcissement des exigences des banques “va contenir la demande pour les logements et rendra plus difficile la reprise pour les prix”, estime Andrew Tilton de Goldman Sachs, en rappelant que les prêts exotiques représentaient 200.000 achats chaque année. Mais l’économie dans son ensemble devrait digérer ce passage à vide. “Le secteur a un impact économique minimal”, avec 100.000 employés au maximum aux Etats-Unis, et “la contagion vers les prêts classiques semble limitée, même si cela reste à surveiller”, ajoute M. Tilton. |
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