Airbus : tension sociale à la veille de l’annonce du plan social

 
 
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Site d’Airbus à Méaulte (Somme), le 27 février 2007 (Photo : Denis Charlet)

[27/02/2007 19:23:12] PARIS (AFP) L’avionneur européen Airbus va enfin dévoiler mercredi les détails de son plan de restructuration “Power 8” devant se traduire par des milliers de suppressions d’emplois et des cessions de sites en France et en Allemagne, qui suscitent déjà inquiétudes et menaces des syndicats.

Les différentes organisations syndicales européennes d’Airbus ont décidé mardi à Bruxelles de faire front commun en cas de cession d’usines ou de licenciements secs, avec à la clé une “journée d’action” qui pourrait prendre la forme d’une grève, a annoncé Peter Scherrer, secrétaire général de la Fédération européen des métallurgistes (FEM).

Mercredi, les dirigeants d’Airbus annonceront à Toulouse les modalités de ce projet “Power8”, après l’avoir présenté au comité d’entreprise européen du constructeur aéronautique.

Airbus emploie 56.000 personnes, dont 22.000 en France, 21.000 en Allemagne, 10.000 en Grande-Bretagne et 3.000 en Espagne.

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Des employés d’Airbus travaillent à l’assemblage d’un avion cargo A400M, à Brême en Allemagne le 9 février 2007 (Photo : Roland Magunia)

Ce plan de restructuration, finalement approuvé lundi par les actionnaires de la maison-mère d’Airbus EADS, vise à économiser 5 milliards d’euros d’ici à 2010 puis 2 milliards par an, afin de compenser les surcoûts liés aux retards de l’avion géant A380, ainsi que la faiblesse du dollar face à l’euro.

Comme l’a déjà dévoilé le Premier ministre français, le plan comprendrait 10.000 suppressions d’emploi sur les 16 sites européens d’Airbus, chez ses sous-traitants et intérimaires.

L’essentiel des coupes concernera des postes administratifs et devrait se faire sans licenciement sec, comme l’avaient demandé vendredi le président français Jacques Chirac et la chancelière allemande Angela Merkel.

Selon d’insistantes rumeurs, Airbus aurait décidé de céder ses usines de Saint-Nazaire et Méaulte en France et de Nordenham et Varel en Allemagne, qui devraient continuer de bénéficier de contrats de sous-traitance avec Airbus.

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La production d’Airbus en Europe

Selon la radio BFM, qui cite des sources internes, Airbus devrait également céder le site de Filton en Grande-Bretagne et fermer le site de Puerto Real en Espagne.

En France, syndicats et salariés n’ont pas attendu l’annonce du plan pour monter au créneau.

“Si d’aventure, les sites de Saint-Nazaire ou de Meaulte étaient fermés ou vendus, Force Ouvrière prendrait ces mesures comme une déclaration de guerre”, a prévenu le syndicat majoritaire d’Airbus France.

“Vendre nos sites à un sous-traitant aura pour conséquences, à moyen terme, la délocalisation de nos emplois dans les pays à bas coûts ou en zone dollar”, ajoute le syndicat.

A Méaulte (1.300 emplois), qui pourrait, selon BFM, être repris par l’équipementier Latécoère, sous-traitant d’Airbus, la quasi-totalité des salariés ont arrêté le travail mardi à la mi-journée, en réaction à la menace d’externalisation.

Un mouvement social tomberait au plus mal pour l’avionneur, engagé dans une hausse de ses cadences de production pour honorer ses commandes et compenser le manque à gagner induit par les retards de l’A380, qui devrait entraîner une perte financière en 2006.

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Capital et organigramme d’EADS

Initialement prévue il y a une semaine, l’annonce du plan avait été repoussée à la dernière minute en raison d’un désaccord des Allemands sur la répartition des efforts à consentir et sur la part de production du nouveau long-courrier A350 d’Airbus revenant à chaque pays.

De source proche du dossier, les ajustements auraient été minimes.

Le ministre français de l’Economie Thierry Breton a jugé mardi “équilibré et équitable” le plan de restructuration accepté par les Français et les Allemands d’EADS, détenteurs respectifs de 22,5% du capital.

Selon le journal allemand Die Welt publié mardi, la France perdrait 4.200 emplois, l’Allemagne 3.500. D’après la Dépêche du Midi, le siège toulousain d’Airbus pourrait faire à lui seul l’objet de 900 suppressions de postes.

 27/02/2007 19:23:12 – © 2007 AFP