L’Italien Enel fait peser une menace sur l’OPA d’EON sur Endesa

 
 
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Logo d’Endesa (Photo : Jose Luis Roca)

[27/02/2007 22:36:23] MADRID (AFP) La gigantesque OPA du groupe énergétique allemand EON sur l’électricien Endesa, la plus grande en Europe dans le secteur est menacée par l’irruption surprise de l’italien Enel qui a acheté 9,99% du groupe espagnol et peut ainsi tenter de faire échouer la transaction.

“L’acquisition de cette participation dans Endesa, le principal opérateur d’électricité espagnol, s’inscrit dans la stratégie de renforcement d’Enel sur le marché européen”, a annoncé mardi soir Enel à l’autorité des marchés italiens.

Peu avant, dans un bref communiqué, l’autorité des marchés espagnols, la CNMV, a suspendu la cotation de l’électricien espagnol “tant que ne s’éclairciront pas les circonstances de la possible acquisition d’un nombre significatif d’actions d’Endesa de la part d’Enel”, alors que des rumeurs de marchés se faisaient de plus en plus insistantes.

Le prix payé par Enel de 39 euros est attractif car il est supérieur à celui de 38,75 euros par action Endesa proposé par EON.

La menace pour l’Allemand est double: d’une part, il pourrait tout simplement ne pas emporter la majorité du capital, mais aussi, il pourrait ne pas obtenir la levée des verrous statutaires au capital d’Endesa, susceptible d’entraver ses projets. EON exige qu’ils soient levés pour continuer son opération.

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Chiffre d’affaires, bénéfices et effectifs d’E.ON et Endesa

Le 20 mars doit se tenir une assemblée générale au cours de laquelle les actionnaires devront décider s’ils lèvent ou non les verrous qui empêchent tout actionnaire de détenir plus de 10% des droits de vote.

Or, il n’est pas certain qu’Endesa puisse réunir le quorum de 50% indispensable pour modifier les statuts. En effet, le premier actionnaire du groupe, Acciona (21,03%), est opposé à l’OPA d’EON et pourrait ne pas voter.

L’arrivée d’un nouvel actionnaire de référence, concurrent d’EON de surcroît au niveau européen, chamboule la donne.

Le ministre espagnol de l’Industrie, Joan Clos, avait jeté le trouble mardi dans la journée en déclarant qu’il était peu probable qu’EON réussisse dans son entreprise car “il est très difficile d’avoir les majorités requises pour changer les statuts du groupe”.

Selon le site internet espagnol spécialisé Elconfidential, cette offensive d’Enel aurait été décidé au plus haut de l’exécutif des deux pays, lors d’un sommet gouvernemental Espagne-Italie, le 20 février à Ibiza.

L’OPA d’EON, valorisant l’espagnol à plus de 41 milliards d’euros, est la plus grosse opération de ce type dans l’énergie en Europe. L’irruption d’Enel risque de transformer ce dossier en vaste bataille européenne, sur fond consolidation en Europe et d’efforts au niveau du continent pour définir une politique commune dans ce secteur sensible.

En septembre 2005, le gazier espagnol Gas Natural avait ouvert les hostilités en annonçant une OPA sur Endesa pour créer le champion national énergétique qui manque à l’Espagne, avec l’aval du gouvernement.

Mais Endesa a refusé et est allé chercher EON comme chevalier blanc. Au terme de 17 mois de lutte politique, juridique, boursière et diplomatique, Gas Natural a jeté l’éponge au début de février, laissant la voie libre à EON, malgré toutes les tentatives du gouvernement socialiste pour le décourager.

Selon des analystes cités mardi soir par l’agence Europa Press, l’entrée d’Enel pourrait entraîner le retrait de l’OPA d’EON, si les verrous ne sont pas levés.

Le groupe italien Enel est un des rares grands groupes européens à ne pas avoir encore fait de grande acquisition. Il avait été un temps interessé par le groupe français Suez mais avait renoncé face à l’hostilité de Paris qui a finalement marié Suez à Gaz de France pour contrer toute velléité.

 27/02/2007 22:36:23 – © 2007 AFP