[28/02/2007 20:36:20] MADRID (AFP) Les indices sur la possible constitution d’un front commun Madrid-Rome contre l’OPA de l’allemand EON sur Endesa se sont accumulés mercredi, au lendemain de l’irruption de l’italien Enel dans le capital du premier groupe d’électricité espagnol. Enel a déclaré mercredi en fin d’après-midi que son patron, Fluvio Conti, avait rencontré le 16 février le ministre espagnol de l’Industrie, Joan Clos, tout en assurant qu’Endesa n’était pas au menu de cet entretien. Toutefois le groupe italien a assuré que les deux responsables avaient simplement évoqué “la position d’Enel en Espagne”, dans un communiqué à l’autorité des marchés espagnols (CNMV) qui avait réclamé des explications. Les médias voient dans l’intrusion italienne dans Endesa la constitution d’un front méditerranéen ourdi par Madrid et Rome pour envoyer l’OPA d’EON au tapis. Le gouvernement socialiste espagnol a longtemps âprement combattu l’OPA allemande, et l’entrée fracassante d’Enel, contrôlé à 30% par l’Etat italien, survient tout juste une semaine après un sommet hispano-italien à Ibiza. Ce “braquage à l’italienne” pourrait avoir été décidé à cette occasion, alors que d’autres dossiers de fusions en souffrance entre Madrid et Rome se mettent justement à frémir. Ainsi, le rapprochement, pour l’heure avorté, entre les gestionnaires d’autoroutes italien Autostrade et espagnol Abertis, pourrait revenir à l’ordre du jour, spéculait mercredi le marché boursier milanais. De plus, la caisse d’épargne catalane “La Caixa” a annoncé mercredi soir qu’elle était montée dans le capital d’Autostrade jusqu’à 2%. Or, “La Caixa” est proche de l’exécutif régional catalan, dirigé par l’ancien ministre socialiste de l’Industrie José Montilla. Ce dernier n’avait pas caché son hostilité à l’OPA d’EON, lui préférant celle du groupe gazier catalan Gas Natural dont la Caixa est l’actionnaire de référence. De même, le géant des télécoms espagnol Telefonica serait sur le point de prendre une part de 5,5% dans Telecom Italia, selon la presse. La droite espagnole a immédiatement dénoncé “l’interventionisme du gouvernement” dans le dossier Endesa, accusant après l’intrusion d’Enel le gouvernement socialiste de “jouer au Monopoly” . Mercredi, le ministère espagnol de l’Industrie se bornait à assurer: “Le gouvernement s’en tient à la plus stricte neutralité”. Mais sur le marché, certains analystes ne sont pas loin d’enterrer l’OPA d’EON. Elle “a de grandes chances d’échouer”, a ainsi estimé Credit suisse. En effet, Enel a déboursé 4,126 milliards d’euros sur le marché en achetant 9,99% du premier électricien espagnol et veut monter à 24,99%. S’il y parvient, et qu’il s’allie avec le premier actionnaire d’Endesa, le groupe espagnol de BTP Acciona (21,03%) qui est hostile à l’OPA allemande, et avec la Sepi, l’organisme qui gère la part de 3% que détient l’Etat espagnol dans l’électricien, il pourrait torpiller EON, parvenir à co-contrôler Endesa ou s’entendre sur son découpage. Enel “n’a pris aucune décision sur l’OPA d’EON pour l’instant”, a indiqué le groupe mercredi. Acciona s’est dit prêt à parler avec “tout le monde”. EON, pour sa part, veut encore y croire et a déclaré maintenir “ferme” son offre de 41 milliards d’euros. L’entrée en lice d’Enel est intervenue alors qu’EON semblait s’être ouvert un boulevard pour la prise d’Endesa, alors que Gas Natural s’était retiré de la course le 1er février. A la Bourse de Madrid, l’action Endesa a terminé en hausse de 1% à 38,5 euros, Enel a chuté de 2,56% à 7,91 euros à Milan, tandis que EON a plongé de 3,98% à 99,14 euros. |
||
|