USA : une révision de la croissance renforce les craintes de ralentissement

 
 
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Des clients font leurs courses dans un grand magasin de jouets à New York, le 24 novembre 2006 (Photo : Stan Honda)

[01/03/2007 13:06:57] WASHINGTON (AFP) La croissance du quatrième trimestre a été révisée en nette baisse mercredi aux Etats-Unis, renforçant les craintes d’un ralentissement durable de la première économie mondiale.

La croissance n’a atteint que 2,2% (en rythme annuel) au quatrième trimestre, alors que les premières estimations faisaient état de 3,5%. On est à peu près au niveau du trimestre précédent (+2%).

Les Etats-Unis ont de ce fait affiché une croissance de 3,3% sur l’ensemble de 2006, et non pas de 3,4% comme indiqué initialement. C’est une toute petite accélération par rapport à 2005 (+3,2%).

Ces chiffres confirment ce que craignaient les analystes: au lieu de tourner la page en fin d’année, l’économie américaine est en fait restée engluée dans la croissance faible qu’elle connaît depuis le printemps.

Les inquiétudes avaient été réveillées lundi par l’ancien président de la Réserve fédérale (Fed) Alan Greenspan qui avait évoqué la possibilité d’une récession d’ici la fin de l’année.

Prenant le contre-pied de son illustre prédécesseur, le nouveau patron de la banque centrale Ben Bernanke a au contraire affirmé son optimisme lors d’une intervention mercredi devant le Congrès.

La révision à la baisse de la croissance “s’inscrit mieux dans notre vision de l’économie que les chiffres initiaux”, a-t-il assuré.

La banque centrale table toujours sur “une croissance modérée à l’avenir”, voire une accélération si l’immobilier résidentiel commence à se stabiliser et si les entreprises arrêtent d’apurer leurs stocks.

Dans ce cas, “il y a une possibilité raisonnable que nous voyions l’économie se renforcer quelque peu vers le milieu de l’année”, a-t-il affirmé.

Mais les économistes pointent du doigt une faiblesse préoccupante du côté des entreprises.

“Tout le monde s’inquiète des consommateurs mais les consommateurs ne sont pas le problème. Le problème, ce sont les investissements d’entreprise”, a affirmé Robert Brusca de FAO Economics.

La première cause de la révision de la croissance vient du fait que les entreprises ont moins stocké que prévu. De plus, leurs investissements ont reculé de 2,4%, soit la baisse la plus marquée depuis le début de la guerre en Irak au premier trimestre 2003.

“Les entreprises ont moins dépensé du fait d’un niveau de stocks trop élevé pour être confortable et de craintes d’un ralentissement économique général”, a souligné Gina Martin.

Il n’est pas sûr que la tendance s’inverse rapidement: mardi, le gouvernement a fait état d’un plongeon des commandes de biens durables en janvier. Et l’activité industrielle dans la région de Chicago –le berceau de l’automobile américaine– a reculé en février pour le deuxième mois de suite.

“Les hésitations des entreprises vont sans doute maintenir une croissance lente au premier trimestre”, selon Mme Martin.

En face, la consommation des ménages a plutôt bien tenu même si les achats de biens durables comme des machines à laver ou des voitures ont été révisés en baisse.

La crainte des économistes est que la crise du secteur immobilier résidentiel ne finisse par contaminer les dépenses de consommation et donc le reste de l’économie. L’investissement dans la pierre des ménages a chuté de 4,2% en 2006, ce qui est la plus forte baisse depuis 1991.

Une grande partie des analystes jugeait récemment encore que le pire était sans doute derrière nous, mais les rapports reçus ces derniers jours ont tempéré leur enthousiasme. Si les ventes dans l’ancien ont connu leur plus forte hausse en deux ans en janvier, celles de logements neufs ont chuté comme jamais en 13 ans.

Le rapport apporte toutefois une bonne nouvelle sur le front de l’inflation, qui a été elle aussi révisée en baisse au quatrième trimestre.

 01/03/2007 13:06:57 – © 2007 AFP