Plan Airbus : les investisseurs dans le brouillard sur le financement

 
 
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Site d’Airbus à Toulouse, le 28 février 2007 (Photo : Eric Cabanis)

[01/03/2007 18:51:59] PARIS (AFP) Les investisseurs ont réagi jeudi avec nervosité au plan de restructuration d’Airbus, les analystes soulignant que des incertitudes demeuraient sur les cessions prévues de sites industriels et une augmentation éventuelle de capital.

L’action d’EADS, maison mère d’Airbus, a perdu jeudi 4,98% en clôture, à 24,62 euros, après avoir gagné 1,81% mercredi, alors que le plan de restructuration Power8 est pourtant proche des attentes.

La Société Générale juge le plan “difficile à réaliser” mais “urgent”. Elle redoute en effet pour 2006 une perte d’exploitation de 125 millions d’euros, à laquelle s’ajouteront des frais financiers de 250 millions d’euros, proches de ceux supportés par le concurrent Boeing alors que le chiffre d’affaires de son concurrent américain est de 79% plus élevé.

Mais elle prévoit dès cette année un retour à un bénéfice d’exploitation de 2,6 milliards d’euros, proche de celui de 2005.

Pour ses besoins de financement, liés notamment au lancement du programme A350 estimé à 10 milliards d’euros, EADS envisage une augmentation de capital, “bien qu’aucune décision sur ce point ne soit pas probable avant l’assemblée des actionnaires du 4 mai”, souligne la banque.

Cette levée possible de fonds avait été évoquée pour la première fois par les analystes du Crédit Mutuel lors du “mercredi noir” du 14 juin, quand le titre EADS avait perdu 26,32%, à l’annonce de retards de livraison de l’A380.

L’effondrement de l’action a réduit la capitalisation d’EADS à 20 milliards d’euros, soit seulement huit mois de chiffre d’affaires. Pour lever 2 milliards d’euros, le groupe devrait augmenter son nombre d’actions de 10% et diluer d’autant les bénéfices futurs, au détriment des actionnaires.

Ce scénario avait semblé s’éloigner, grâce aux cessions d’actifs annoncées, mais revient en force car rien de précis n’a été annoncé sur ce point.

Airbus cherche actuellement des partenaires industriels pour trois sites et en cèdera trois autres dans les années à venir.

L’inquiétude des marchés a aussi été relancée par “la montée en puissance d’une campagne politique et syndicale qui pourrait contrecarrer la mise à exécution du plan Power8”, dans un contexte électoral en France, a commenté un courtier, en évoquant également “la persistance d’un dollar faible” qui handicape Airbus.

Les deux favoris de l’élection présidentielle ont évoqué une recapitalisation d’EADS. “Il faut que l’Etat remette au pot mais sur la base d’un projet industriel franco-allemand solide”, a déclaré Ségolène Royal (PS), en affirmant qu’elle en parlerait à la chancelière allemande Angela Merkel le 6 mars, et en demandant la suspension du plan Power8.

Pour Nicolas Sarkozy (UMP), le “problème” d’EADS est “un problème d’actionnariat”. Il y aura “des décisions à prendre pour donner à cette entreprise les moyens de son développement”, a-t-il dit, en doutant que “les Etats soient les actionnaires industriels les plus avisés”.

Pour les analystes du Crédit Mutuel, les interférences politiques ne doivent pas retarder la restructuration, “une nécessité que les syndicats ne pourront pas empêcher”.

Les couvertures contre les variations du dollar donnent à Airbus “un répit de deux ans”, mais “si des économies substantielles ne sont pas au rendez-vous d’ici 2009, la perte de compétitivité sera considérable”, avertissent-ils.

 01/03/2007 18:51:59 – © 2007 AFP