[02/03/2007 10:39:33] TOKYO (AFP) L’inflation au Japon est tombée à zéro en janvier et l’accalmie des prix du pétrole laisse présager un retour imminent de la déflation, au moment même où la banque centrale vient de relever ses taux d’intérêt, selon des statistiques officielles publiées vendredi. Les prix à la consommation hors produits frais sont restés stables en janvier sur un an, comme le prévoyaient la plupart des économistes. En excluant également l’énergie, les prix ont reculé pour le treizième mois consécutif (-0,2%), rappelant que la timide inflation de ces derniers mois avait le pétrole cher pour unique soutien. En janvier, les prix de l’essence ont en effet augmenté de 3,5%, un rythme beaucoup moins soutenu qu’au cours des mois précédents. Les prix des appareils électroniques ont pour leur part continué à dégringoler en raison d’une concurrence féroce. Ceux des téléviseurs à écran plat ont ainsi fondu de 26,7% et ceux des ordinateurs portables de 24,5%. Les prix des communications ont diminué de 0,2% sur fond de guerre des prix larvée entre opérateurs de téléphonie mobile. “L’effet positif des prix du pétrole sur l’inflation est sur le point de disparaître et va peut-être même s’inverser. Cela devrait suffire pour que les prix dans leur ensemble recommencent à décliner”, commente dans une note de recherche Richard Jerram, économiste chez Macquarie Securities. “La conséquence la plus évidente d’un retour à la déflation est qu’il sera difficile, voire impossible pour la Banque du Japon de continuer à relever les taux”, poursuit M. Jerram, qui parie sur six mois de statu quo monétaire. Le 21 février, la banque centrale nippone a relevé son taux directeur d’un quart de point à 0,50%, même si elle a reconnu que “l’évolution des prix à la consommation pourrait être proche de zéro sur le court terme”. La BoJ a justifié sa décision par sa volonté de corriger un loyer de l’argent jugé anormalement bas par rapport aux performances économiques du pays, ainsi que par les perspectives d’inflation sur le moyen et long terme. Mais en janvier, le salaire mensuel moyen au Japon a chuté de 1,4% sur un an. Ce qui prouve que les menaces inflationnistes, si tant est qu’elles existent, ne proviennent pas du coût de la main d’oeuvre.
Et ce, même si le taux de chômage reste relativement bas (4,0%) et la pénurie de main d’oeuvre qui s’est installée fin 2005 continue à sévir, ce qui devrait théoriquement faire grimper les salaires, donc les prix. Mais le départ massif à la retraite de la “génération du baby boom” bouleverse la donne: les employés âgés et bien payés s’en vont, remplacés par des jeunes moins bien rémunérés ou par des travailleurs précaires. Le salaire moyen diminue donc, et avec lui la consommation et les prix. Eisuke Sakakibara, un ancien vice-ministre des Finances, longtemps surnommé “Monsieur Yen” et actuellement professeur d’université, nie cependant que l’économie japonaise soit actuellement au bord de la déflation. “Ce n’est pas de la déflation que nous avons dans ce pays, ce n’est pas ce genre de mauvais phénomène qui déprécie les actifs. Certes, les prix à la consommation n’augmentent pratiquement pas. Mais c’est une bonne chose !” s’est-il félicité vendredi lors d’une conférence de presse. “Les prix sont stables pour deux raisons: d’abord le changement structurel sur le marché du travail. L’emploi stable diminue et l’emploi irrégulier augmente”, a souligné M. Sakakibara. “Ensuite, le marché intérieur japonais est extrêmement concurrentiel. Regardez la téléphonie mobile ou le marché des télévisions: on y casse les prix tous les deux mois”, a-t-il ajouté. Dans ce contexte, la hausse des taux “n’est pas un resserrement monétaire, c’est une simple normalisation”, assure “Monsieur Yen” qui encourage la banque centrale à continuer sur sa lancée. |
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