[06/03/2007 21:27:18] TOULOUSE (AFP) Des milliers de manifestants à Toulouse, Méaulte (Somme) et Saint-Nazaire (Loire Atlantique), de 85 à 90% de grévistes: les salariés français d’Airbus se sont massivement mobilisés mardi contre la restructuration annoncée de l’avionneur européen. Les responsables des cinq grandes confédérations syndicales françaises, Jean-Claude Mailly (FO) Bernard Van Craeynest (CFE-CGC), Bernard Thibault (CGT), François Chérèque (CFDT) et Jacques Voisin (CFTC), ainsi que deux candidats à la présidentielle, Olivier Besancenot et José Bové, étaient présents dans le cortège toulousain, fort de 12.000 à 15.000 personnes. Marie-George Buffet (PC), également candidate, a défilé à Saint-Nazaire. “Si, aujourd’hui, nous ne sommes pas entendus, il faudra frapper plus fort, le combat ne fait que commencer”, a lancé le coprésident du comité d’entreprise européen d’Airbus, Jean-François Knepper (F0), qui estime que la France paie un trop lourd tribu par rapport à l’Allemagne.
Le plan de restructuration, baptisé “Power8”, prévoit au total 10.000 suppressions d’emploi en Europe en quatre ans, dont 4.300 en France et 3.700 en Allemagne. A Berlin, la candidate socialiste à la présidentielle Ségolène Royal, qui a rencontré la chancelière allemande, a déclaré qu’elle était d’accord avec Angela Merkel pour que la France et l’Allemagne “définissent en commun des politiques industrielles”. “Nous partageons totalement l’objectif que l’Europe doit défendre sa filière aéronautique” et en particulier “ses capacités de recherche”, a-t-elle dit. En écho, le ministre allemand de l’Economie Michael Glos a critiqué des propos de dirigeants français sur Airbus, leur reprochant “des tonalités de campagne électorale” en suggérant une évolution de l’actionnariat de la société mère EADS susceptible de renforcer la participation française.
De son côté, le ministre de l’Economie Thierry Breton avait “souhaité” mardi matin qu’EADS procède “le moment venu” à “une augmentation de capital” à laquelle l’Etat français participerait “au prorata” de sa participation. A Genève, le président de DaimlerChrysler, Dieter Zetsche, a réaffirmé mardi qu’il n’était pas favorable à une augmentation de capital d’EADS, où le constructeur automobile a réduit sa participation. La mobilisation en France, une première depuis 1993, a été massive mardi. A Méaulte (Somme), site spécialisé dans les pointes avant des avions, entre 1.500 et 2.000 personnes ont défilé, selon les sources. Sur les deux sites de Saint-Nazaire, entre 1.500 et 3.000 personnes ont manifesté derrière la banderole “Pour l’emploi industriel. Retrait des plans Airbus et Alcatel”. A Nantes, où l’usine Airbus est spécialisée dans les matériaux composites, 1.500 personnes, selon la police, ont défilé. En solidarité, de 2.000 à 3.000 salariés d’Eurocopter, autre filiale franco-allemande d’EADS spécialisée dans les hélicoptères, ont observé une heure de débrayage à Marignane (Bouches-du-Rhône) et La Courneuve (Seine St-Denis). “On veut ouvrir des négociations sur ce plan industriel et ses conséquences sociales pour les salariés et les sous-traitants”, a déclaré le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque. Le secrétaire-général de la CGT Bernard Thibault a de son côté dénoncé l’attitude “très laxiste” de la Commission européenne sur ce dossier. Le 16 mars devrait d’ailleurs être placé sous le signe de l’unité européenne syndicale, avec un rassemblement à Bruxelles, proposé lundi par les syndicats européens de l’aéronautique. |
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